Sur les 56,9 millions de décès survenus dans le monde en 2016, 15,2 millions sont dus aux cardiopathies ischémiques (altération du fonctionnement cardiaque) et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC). Ces deux pathologies demeurent les premières causes de mortalité depuis plus de quinze ans, selon les estimations sanitaires mondiales publiées le 9 décembre 2020 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2019, 70 % des décès ont été provoqués par des maladies non transmissibles, contre 40 % en 2000. Ces données mettent en évidence la nécessité de sensibiliser davantage, à l'échelle mondiale, sur la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies, notamment, cardiovasculaires ou respiratoires chroniques, du cancer, du diabète ou encore des traumatismes, comme le prévoit le programme des objectifs de développement durable des Nations unies, qui en contient « 17 pour sauver le monde ».
Améliorer les soins de santé primaires
« Les maladies cardiaques tuent plus que jamais auparavant », représentant 16 % du nombre total de décès, pointe l'OMS. Toutefois, cette hausse semble épargner l'Europe, qui enregistre un recul de 15 %. La maladie d'Alzheimer et « autres formes de démence » figurent désormais parmi les dix principales causes de mortalité sur la planète, touchant majoritairement des femmes (65 %). Autre fait notable : le nombre de décès imputables au diabète a augmenté de 70 % en deux décennies, avec une hausse de 80 % chez les hommes. Si la pneumonie et autres infections des voies respiratoires inférieures représentaient la catégorie la plus meurtrière de maladies transmissibles en 2019, elles connaissent une diminution du nombre de morts de près d'un demi-million par rapport à 2000. Par ailleurs, l'OMS constate globalement « un ralentissement ou une stagnation » des progrès réalisés dans la lutte contre les maladies infectieuses comme le VIH, la tuberculose et le paludisme. « Ces nouvelles estimations montrent toute l'urgence d'une amélioration considérable, équitable et globale des soins de santé primaires. C'est en effet de la solidité de ces soins que dépend tout le reste, depuis la lutte contre les maladies non transmissibles jusqu'à la gestion d'une pandémie mondiale », estime le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS.
Une vie plus longue mais à quel prix ?
Les traumatismes représentent également une cause majeure « d'invalidité et de décès ». Le nombre d'accidents de la route a, par exemple, fortement augmenté en Afrique et en Méditerranée orientale. Principales victimes ? Les hommes, dans 75 % des cas. Dans un autre registre, les estimations confirment une tendance à la hausse en matière de longévité : en 2019, les gens vivaient plus de 6 ans de plus qu'en 2000, la moyenne mondiale s'établissant aujourd'hui à plus de 73 ans, contre environ 67 ans vingt ans plus tôt. « Cependant, en moyenne, seules cinq de ces années supplémentaires ont été vécues en bonne santé », pointe l'étude.
Des données sanitaires solides nécessaires
« Des données sanitaires solides sont primordiales pour lutter contre les inégalités, hiérarchiser les politiques et allouer des moyens pour prévenir les incapacités et sauver des vies », explique le Dr Samira Asma, sous-directrice générale de la division « Analyse de données, résultologie et impact » de l'OMS, qui exhorte les gouvernements à investir « de toute urgence dans les systèmes de traitement des données et d'information sanitaire, de manière à pouvoir prendre les décisions en temps opportun et de façon efficace ».
Enfin, à ce jour, la Covid-19 a coûté la vie à plus de 1,5 million de personnes. Celles atteintes de pathologies préexistantes (comme les maladies cardiaques, le diabète et les affections respiratoires) ont un risque plus élevé de complications et de décès. La prochaine mise à jour de ces estimations comprendra une évaluation de l'impact direct et indirect de la pandémie sur la mortalité et la morbidité.