"Le département des services correctionnels confirme le placement en liberté conditionnelle de M. Oscar Leonard Carl Pistorius, à compter du 5 janvier 2024", a déclaré administration pénitentiaire dans un communiqué du 24 novembre 2023, à l'issue des délibérations d'une commission ad hoc dans une prison proche de Pretoria où l'athlète de 37 ans purge sa peine. Elle a estimé que le "primo-délinquant" bénéficie "d'un soutien positif" et que son placement en liberté conditionnelle est conforme à la loi. La mère de Reeva Steenkamp, petite amie d'Oscar Pistorius tuée par ce dernier il y a dix ans dans une affaire qui a passionné la planète, a estimé que l'ex-champion paralympique "ne s'est pas réhabilité" pendant son temps passé en prison. "Une réhabilitation exige que quelqu'un s'engage honnêtement, avec toute la vérité sur son crime", a-t-elle souligné dans son texte soumis à la commission.
Sous conditions !
L'ancien athlète sera libre mais "soumis à une surveillance" et obligé de rester dans un certain périmètre d'une banlieue de la capitale Pretoria, a ajouté l'administration. Pendant son placement en conditionnelle, qui "durera jusqu'au 5 décembre 2029", Pistorius devra suivre un programme de réinsertion incluant "une thérapie pour ses colères", ainsi que "sur les violences faites aux femmes", a précisé à la presse le porte-parole de la famille de la victime, Rob Matthews. Il devra également participer à des travaux d'intérêt général. La famille de Reeva, qui ne s'était cependant pas formellement opposée à la demande de libération anticipée, s'est dite "satisfaite" des conditions imposées à Pistorius.
Une 1ère demande rejetée
En mars, une première demande de libération conditionnelle avait été rejetée. Les services pénitentiaires avaient estimé à la surprise générale que Pistorius, condamné à 13 ans et 5 mois de prison en appel, n'avait pas purgé la période de détention minimale requise. En Afrique du Sud, les prisonniers peuvent bénéficier d'une libération anticipée après la moitié de leur peine écoulée. Pistorius ayant été condamné en première instance, puis plusieurs fois en appel, il avait été calculé que, selon un décompte commençant à la date de sa dernière condamnation, il n'avait pas purgé le temps minimum. Mais la Cour constitutionnelle a contredit ce calcul, estimant le mois dernier que le décompte devait commencer à la date de son premier placement en détention.
L'idole déchue
Dans la nuit du 13 au 14 février 2013, Oscar Pistorius a abattu sa compagne, la mannequin Reeva Steenkamp, 29 ans, tirant quatre fois à travers la porte de la salle de bain de sa chambre, dans sa maison ultra-sécurisée de Pretoria. Riche, célèbre, le sextuple champion paralympique est à l'époque auréolé de gloire. Il était entré dans la légende sportive un an plus tôt en s'alignant avec les valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres, une première pour un double amputé des jambes. "Blade Runner", comme il est surnommé en référence à ses prothèses de carbone, affirme avoir cru à la présence d'un intrus. Il écope de cinq ans de prison pour homicide involontaire à l'issue de son premier procès en 2014. Le parquet estime la justice trop clémente et réclame une requalification en meurtre. En 2017, la Cour suprême d'appel condamne finalement Pistorius à plus de 13 ans de réclusion. Lâché par ses sponsors, ruiné, l'idole déchue vend sa maison pour payer ses avocats.
Procédure "éprouvante"
Dans le cadre de sa demande de liberté conditionnelle, Oscar Pistorius a rencontré l'an dernier les parents de Reeva Steenkamp. Une étape obligatoire visant, selon les autorités, à s'assurer que les détenus "reconnaissent le mal causé". "Je ne crois pas à son histoire", avait lâché June Steenkamp, alors présente. Le père de Reeva Steenkamp est décédé en septembre. Toute la procédure a été "très éprouvante sur un plan émotionnel", a souligné auprès de l'AFP l'avocate de la famille, Tania Koen.