150 médiateurs de santé-pairs exercent dans le champ de la santé mentale en France. C'est peu quand on connaît l'ampleur des troubles psychiques actuels. Si la pratique de la pair-aidance ne date pas d'hier, son déploiement est tout récent dans le secteur de la psychiatrie. Le principe ? Former une personne rétablie ou en voie de rétablissement pour intervenir auprès des acteurs du soin et de l'accompagnement. Elle est la preuve vivante d'une autonomisation, de l'augmentation de l'estime de soi, de la gestion de ses difficultés... Dans un communiqué publié le 18 décembre 2023, le Centre collaborateur de l'Organisme mondial de la santé (CCOMS) pour la recherche et la formation en santé mentale rappelle les recommandations de l'OMS à ce sujet. Selon elle, les pairs-aidants constituent une forme de soutien « indispensable » aux services officiels « pour garantir un environnement bénéfique aux personnes ayant des problèmes de santé mentale ».
Les débuts à Lille en 2012
Comment se situe la France dans ce domaine quand on sait que certains pays, anglo-saxons notamment, la promeuvent depuis bien longtemps ? Initiée en 2012 par le CCOMS de Lille, cette expérimentation (des médiateurs de santé-pairs) est en constante progression. « Deux études récentes montrent l'avantage de leur intervention dans les services de soins », précise le CCOMS. Les 150 pairs-aidants français ont obtenu leur diplôme niveau licence dans l'un des cinq pôles universitaires existants : à Lyon 1, à l'université Paris 13 (Bobigny), Tours, Grenoble et Bordeaux. Le candidat, pour être admis, doit disposer d'un niveau Bac+2 et obligatoirement être en « rémission » afin qu'il ait le recul nécessaire pour partager son vécu.
A quand un vrai métier ?
« Au regard du rôle du pair-aidant professionnel dans l'amélioration de la qualité de vie des usagers, dans l'évolution des pratiques soignantes et la transformation des institutions, il apparaît nécessaire de légiférer sur la création d'un métier », estime le CCOMS. L'objectif ? Offrir une « reconnaissance statutaire » à ces 150 médiateurs auxquels s'ajoutent les pairs-aidants professionnels issus d'autres formations. Alors que les financements dédiés à la santé mentale sont faibles (3 % du budget de la santé en France, selon France asso santé), les pair-aidants constituent un « levier majeur d'évolution des pratiques professionnelles et des organisations en psychiatrie et santé mentale » et « un facteur d'attractivité pour cette profession », selon le CCOMS.