Par Mona Guichard
Du tennis de table au volley-ball assis en passant par la piste du Stade de France, les para athlètes qui ont dépassé les 40 ans ne sont pas rares à concourir aux Jeux paralympiques...
Les athlètes olympiques bien plus jeunes
"Il y a le plaisir de progresser, de voir le matériel évoluer, la manière de s'entraîner différemment, c'est ça qui me motive encore à être là", relève Pierre Fairbank au sujet de sa carrière à la remarquable longévité. A 53 ans, le para athlète calédonien participe à Paris à ses septièmes et derniers Jeux. Avec une moyenne d'âge de plus de 33 ans, la délégation des 237 para sportifs français surclasse largement celle des épreuves olympiques : à 26,9 ans, cette dernière était en moyenne plus jeune de six ans. Cette différence tient avant tout au handicap lui-même.
Beaucoup de handicaps "acquis"
"Il y a des personnes qui ont un handicap physique ou visuel inné mais il y a beaucoup de personnes qui ont un handicap acquis", explique à l'AFP Christophe Carayon, directeur technique national adjoint de la Fédération française handisport. A l'image de Guylaine Marchand, 55 ans, en aviron, Hakim Arezki, 41 ans, en cécifoot, ou Loïc Vergnaud, 45 ans, en para cyclisme, ils sont nombreux à avoir développé un handicap à l'âge adulte.
Reconstruire son corps après un accident
"Les personnes arrivent avec un corps qui a été accidenté, qu'il faut reconstruire", poursuit Christophe Carayon, qui évoque aussi "la confiance" à développer vis-à-vis du matériel et des prothèses nécessaires dans le sport ou la vie quotidienne. Il écarte le rôle du matériel dans la longévité des carrières. "La prothèse ne va pas évoluer en fonction de votre baisse de capacité physique, c'est même le contraire", indique-t-il. "Si vous n'avez pas la force physique, si vous n'avez pas assez d'abdos, de dorsaux, une cuisse costaud pour plier la prothèse, elle va pas vous renvoyer de l'énergie."
Un âge non homogène chez les para athlètes
Les effectifs plus réduits de personnes handicapées que de "valides" dans la population restreignent par ailleurs le bassin de recrutement. En handisport, les athlètes plus âgés sont ainsi moins rapidement remplacés par des concurrents plus jeunes. Sylvain Ferez, sociologue spécialiste du handisport et maître de conférence à l'université de Montpellier, pointe néanmoins les disparités dissimulées sous la moyenne d'âge. "L'âge n'est pas homogène" chez les para athlètes, rappelle-t-il : il "est très lié à chaque discipline".
Objectif rajeunissement !
"Il y a un croisement de générations d'athlètes différents", poursuit le chercheur en évoquant le nageur Ugo Didier, 22 ans, le cycliste Alexandre Léauté, 23 ans, et le joueur de rugby fauteuil Ryadh Sallem, 53 ans. Des différences d'âge qui s'expliquent par la nature des disciplines, plus ou moins éprouvantes. Mais le plan "Ambition bleue" mené depuis 2020 par l'Agence nationale du sport (ANS) en vue des JOP de Paris a "fait monter plutôt des jeunes", commente Sylvain Ferez. "Je ne pense pas qu'on aura des athlètes aussi âgés dans 20 ou 30 ans si les dispositifs de préparation à la haute performance qui se sont mis en place avec Paris 2024 et avant se prolongent", ajoute-t-il.
Faire naître des vocations
Du côté des deux équipes féminine et masculine de volley-assis, c'est l'espoir affiché par la manageuse, Chrystel Bernou. Si la discipline, dit-elle, "permet de faire jouer des personnes qui ont peut-être moins de physique, avec un âge avancé, parce qu'elles vont compenser par leur technique de jeu", elle juge nécessaire "de rajeunir le groupe pour que le projet d'équipe puisse perdurer". Et avec les premiers Jeux paralympiques organisés en France, accompagnés d'une exposition médiatique inédite, elle aimerait faire naître des vocations : "On espère que de nouveaux athlètes, des sportifs ou des gens qui ont juste envie de faire du sport, rentrent dans les clubs et qu'on puisse avoir la possibilité de recruter les meilleurs d'entre eux".