La Relève : tremplin pour les para athlètes de demain?

En intégrant La Relève, des dizaines de jeunes de 16 à 35 ans espèrent devenir les "athlètes paralympiques de demain". Ce programme de détection se veut une "balise sur le chemin du haut niveau". Mais apporte-t-il un soutien suffisant ?

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Un homme dans un fauteuil roulant adapté au sport devant l’affiche de La Relève.

Par Pierre Botte

"Il y a cinq ans, j'étais à votre place et ce jour-là a changé ma vie", lance Pauline Déroulède, championne de France de para tennis et membre du programme La Relève, devant une vingtaine de participants qui espèrent devenir "les athlètes paralympiques de demain".

Direction l'Insep pour effectuer des tests

Ces sportifs, aux handicaps variés et présélectionnés pour leur profil et leur fort potentiel, ont été conviés à l'Insep, à Paris, pour tester leurs aptitudes physiques sous le regard de représentants de fédérations sportives. "Ils se sont signalés auprès du programme La Relève, ont passé un entretien en visio, et s'ils ont un profil compétiteur, mais encore généraliste, ils viennent ici pour effectuer des tests et essayer des sports", explique Jean Minier, directeur des sports au Comité paralympique et sportif français (CPSF).

Une "balise sur le chemin du haut niveau"

Le programme, dont la cinquième édition s'est déroulée la semaine dernière, a été lancé en 2019 par le CPSF (l'édition 2020 a été annulée en raison de la situation sanitaire). Selon Jean Minier, il s'agit d'"une balise sur le chemin du haut niveau destinée à des jeunes âgés de 16 à 35 ans qui ne sont pas membres d'une institution officielle" mais qui pourraient exceller dans un ou plusieurs sports paralympiques. Pauline Déroulède, 33 ans, en bonne position pour représenter la France aux Jeux de Paris en para tennis, en a justement bénéficié en 2019. "Quand je suis arrivée ici, très peu de temps après mon accident, j'avais des croyances et des doutes, raconte-t-elle à l'AFP. Cette journée a été décisive dans le choix de ma discipline."

La compétition, un enjeu secondaire ?

Pourtant, si une quinzaine de sportifs ayant pris part à ce programme depuis la première édition seront présents aux Jeux paralympiques de Paris (28 août-8 septembre), nombre de participants aux détections "ne seront pas les champions de demain", prévient Jean Minier. Aujourd'hui, sur les 200 personnes passées par La Relève lors de ses quatre premières éditions, ils sont environ 150 à s'aligner encore en compétition mais tous ne pratiquent pas au niveau international. Un critère qui ne dérange pas plus que cela Lucie Courrio, 23 ans, amputée fémorale, qui souhaite trouver un sport proche de la ville où elle étudie et pour qui la compétition reste "secondaire pour le moment".

Des champions "multisports"

Ludovic Thiar, double amputé, est, lui, en revanche attiré par la performance. "Je fais du para snow, j'ai commencé l'aviron, j'ai testé le basket, la natation et l'athlétisme", énumère le sportif de 36 ans qui attend "de trouver le ou les sports" dans lesquels il pourrait réussir. Au total, 16 des 22 disciplines présentes aux Jeux paralympiques sont proposées à La Relève. Certains rêvent même de prendre part à des compétitions de haut niveau dans plusieurs sports. Benjamin Daviet, membre de la "team La Relève" et déjà champion paralympique en ski alpin et biathlon, a aussi découvert le para aviron il y a deux ans et tente désormais une qualification pour les Jeux paralympiques. Toutefois, les organisateurs rappellent que "la notion de transferts de discipline reste assez exceptionnelle".

La concurrence est rude !

Et la volonté de détecter des "nouvelles pépites" peut aussi amener de la "concurrence" entre les fédérations, explique Pauline Déroulède, qui s'est sentie "vraiment draguée" lors de sa détection. Il s'agit du "nerf de la guerre", confirme Benjamin Daviet, même si "à la fin, c'est le participant qui a le dernier mot". Lucie Courrio estime surtout que les recruteurs "vendent du rêve". "On sent qu'il y a un enjeu derrière, ils essaient de te dire ce que tu veux entendre pour que tu viennes chez eux", développe-t-elle.

Un manque de soutien ?

Un participant à une précédente édition, aujourd'hui membre de l'équipe de France de son sport et qui souhaite conserver l'anonymat, partage son constat. A l'époque, il voulait "découvrir d'autres disciplines" et s'est laissé convaincre que l'aviron était fait pour lui. Mais il a senti qu'il avait surtout été recruté pour "faire progresser" un autre sportif avec le même handicap en lui offrant des séances d'entraînement à haut niveau.Selon lui, le programme propose "énormément de disciplines" sans aider les athlètes à "performer dans toutes". Aujourd'hui, il s'investit dans sa discipline de prédilection et a participé récemment aux championnats du monde. "J'ai tranché, grâce à ma ville et mon agent qui m'aident, aux partenaires que je me suis trouvé seul. Sans soutien derrière, nous ne sommes pas tant suivis que ça."

© La Relève / CPSF

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