Par Marine Do-Vale
"Pour l'inclusion et un nouvel avenir" : c'est l'objectif du Suédois Alexander Ekman, chargé de chorégraphier et mettre en scène la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris le 28 août 2024, que l'AFP a rencontré le 11 juillet.
L'art, vecteur de messages
Le "plus fort", dit-il, c'est "lorsqu'on peut utiliser l'art comme vecteur de nos messages", expliquant qu'il souhaite répondre aux attentes des nombreux athlètes paralympiques rencontrés pour préparer cette cérémonie et qui ont partagé avec lui leur "expérience de la vie". Connu pour ses scénographies grandioses, comme lorsqu'il inonde les scènes avec 6 000 litres d'eau pour sa version du Lac des Cygnes ou sa pluie de balles vertes tombant du ciel de l'opéra Garnier, le quadragénaire aura cette fois pour terrain de jeu la place de la Concorde, tandis que les Champs-Elysées accueilleront le défilé des athlètes de quelque 180 délégations.
Des chorégraphies modernes et théâtrales
Celui qui se décrit comme un "showman" conçoit cette cérémonie de trois heures avec 150 danseurs, dont une vingtaine en situation de handicap, comme un voyage "mêlant art et divertissement", célébrant le classicisme de cette place historique à travers des chorégraphies modernes et théâtrales sur des musiques du compositeur des JO, Victor Le Masne.
Un spectacle engagé
Tony Estanguet, président du comité d'organisation des Jeux de Paris, affirme attendre beaucoup de cet événement qu'il espère "être un succès" et qui lancera les premiers Jeux paralympiques d'été organisés en France. En attendant le jour J, "ce que j'ai vu est très prometteur", se réjouit le triple champion olympique de canoë, qui salue le "parfait équilibre" entre modernité, émotion, humour et grand spectacle. "C'est un spectacle très engagé. La danse est au service d'un message fort autour de l'inclusion", poursuit-il.
"Combiner l'art et la politique"
Pour Alexander Ekman, "accro" des JO, c'est "un rêve d'enfant" qui se réalise. Quand Thomas Jolly, le directeur artistique des cérémonies des Jeux de Paris, l'a sollicité, la réponse ne s'est donc pas fait attendre. "Il était presque plus excité de faire quelque chose pour les Paralympiques" que pour les Jeux olympiques, se souvient Tony Estanguet. "Quand vous pouvez combiner l'art et la politique, c'est incroyable", développe Alexander Ekman, qui compte bien répondre à la demande de Thomas Jolly de faire de cette cérémonie un événement "festif ET politique".
Collaboration "extraordinaire" avec des danseurs handicapés
"Au cours de l'année écoulée, j'ai beaucoup appris sur les personnes en situation de handicap, sur la stigmatisation dont elles font l'objet, sur les défis qu'elles doivent relever", explique-t-il. Pour elles, "les Jeux paralympiques sont très importants parce qu'ils leur donnent un but : celui de concourir et d'aller de l'avant". Pour la première fois, le chorégraphe a collaboré avec des danseurs en situation de handicap. "Ils sont extraordinaires. Ils sont plus capables que beaucoup de personnes valides, tant sur le plan mental que physique", assure-t-il.
60 000 spectateurs, "c'est effrayant"
Reconnu à travers le monde, avec plus de 50 créations et des collaborations avec les compagnies les plus prestigieuses, parmi lesquelles le ballet de l'Opéra de Paris et le Boston Ballet, Alexander Ekman ne s'est toutefois jamais frotté à un public aussi large. Pas moins de 60 000 spectateurs sont en effet attendus pour ce show, sans compter la diffusion télévisée. "C'est effrayant", admet l'artiste, qui est toutefois toujours stressé pour ses créations. "Pour présenter quoi que ce soit devant les autres, il faut avoir du courage", estime-t-il.
"Très honoré" d'être au cœur de cette expérience paralympique, il affirme avoir appris à travers ce processus de création très codifiée "la valeur de la liberté artistique totale". Nul doute que cette nouvelle ligne sur son CV influencera le reste de sa carrière, avec de futurs projets qu'il espère "complètement fous".
© Carl Thorborg