La rééducation intensive par le jeu pour des jeunes enfants vivant avec une paralysie cérébrale est plus efficace pour améliorer la motricité des mains et des jambes que toutes les autres thérapies proposées actuellement, selon les résultats d'une étude européenne. Publiés la semaine dernière dans la revue Jama Pediatrics, ces résultats "doivent changer non seulement les techniques actuelles de rééducation des enfants avec paralysie cérébrale dans la petite enfance mais également les politiques en matière d'organisation de la rééducation", a plaidé lundi le Dr Alain Chatelin, président de la Fondation Paralysie cérébrale, dans un communiqué.
Un projet de recherche de 1,5 million d'euros
Première cause de handicap moteur de l'enfant, la paralysie cérébrale concerne quatre naissances par jour en France, soit 1 500 enfants par an, selon cette fondation. Elle crée des troubles de la motricité et sensoriels en raison d'une lésion du cerveau, qui peut advenir lors d'une naissance prématurée ou pendant la naissance, avec un cordon enroulé autour du cou du bébé. Un projet de recherche baptisé CAP', financé par la Fondation paralysie cérébrale pour un budget de 1,5 million d'euros, devait permettre de mesurer les effets d'une rééducation intensive avant l'école primaire. L'objectif était d'évaluer l'impact de deux semaines de thérapie intensive et ludique chez 50 enfants de 1 à 4 ans, comparé à 50 autres ne la suivant pas.
Amélioration de la motricité globale
Le principe de la méthode, dite HABIT-ILE : stimuler intensément l'enfant par des activités ludiques qu'il doit réaliser de façon autonome, afin de favoriser sa participation. Par exemple : peindre avec un pinceau pour ensuite savoir attraper le manche du couteau, enfiler des perles pour ensuite pouvoir fermer les boutons d'un gilet... Selon les résultats de l'étude, cette méthode "améliore significativement" l'habileté manuelle du jeune enfant et sa motricité globale. "En l'espace de 3 mois, les enfants gagnent en moyenne 10 % de motricité des mains", a précisé la professeure Yannick Bleyenheuft de l'université belge de Louvain.
Une rééducation précoce
Jusqu'à maintenant, la plupart des études cliniques évaluant l'efficacité de cette rééducation avaient été menées auprès d'enfants âgés de plus de six ans et atteints généralement d'une paralysie cérébrale unilatérale, souligne la Fondation. Les résultats de cette étude montrent pour la première fois qu'elle peut "d'une part, être proposée à des enfants d'âge préscolaire, et d'autre part, qu'elle est efficace", salue-t-elle. Or on sait que la majeure partie de la croissance et du développement du cerveau survient avant deux ans et que la plasticité cérébrale est maximale à cet âge, pointe la fondation.