Paris 2024 : "accélérer les choses" pour l'accessibilité ?

Même si la France "n'y est pas encore" pour ce qui est de l'accessibilité des personnes handicapées, la présidente du Comité paralympique et sportif français, Marie-Amélie Le Fur, assure que les JOP de Paris 2024 vont "accélérer les choses".

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Question : Comment jugez-vous l'avancée vers ces Jeux paralympiques ?
Marie-Amélie Le Fur : Les critères de réussite vont se jouer sur différents marqueurs. Le premier est évidemment la réussite de l'équipe de France, son niveau de performance et son rayonnement médiatique. Il y a eu une très belle évolution du nombre de médailles entre Rio (28 dont 9 titres en 2016) et Tokyo (54 dont 11 titres en 2021). Maintenant on veut augmenter les capacités à gagner des médailles d'or. Cet été, on voit que les sportifs sont capables d'aller chercher des podiums en compétition. C'est de très bon augure pour l'année prochaine et on voit aussi un engouement médiatique autour de leur suivi.

Ensuite on a envie que ces Jeux puissent durablement changer l'accès à la pratique sportive des personnes en situation de handicap. Là encore il y a eu énormément d'évolution dans les prises de conscience. On voit des collectivités s'interroger, faire évoluer leurs politiques publiques, des clubs et fédérations dynamiser leur activité.

Enfin le troisième grand marqueur est la façon dont ces Jeux vont façonner l'acceptabilité du handicap, l'accessibilité, la mobilité et le regard que l'on porte.

Q : On pourrait penser qu'en 2023, la situation a évolué. Pourquoi est-il encore nécessaire de tenir ce discours ?
MALF : Parce que dans les façons dont nous fonctionnons, dont on aménage l'espace public, la spécificité de la personne en situation de handicap est souvent oubliée car ce n'est pas un automatisme. On n'est pas habitué à fonctionner comme cela en France. L'idée est d'avoir cette évolution déjà dans les méthodes de fonctionnement des clubs, faire en sorte que la plupart d'entre eux aient des éducateurs, des bénévoles formés, qui n'aient pas peur d'accueillir. C'est une génération qui n'a pas évolué avec la question du vivre-ensemble et pour laquelle le handicap peut encore questionner. Et l'idée est aussi que dans l'avenir, ça se ressente dans la façon dont on va travailler dans le BTP, dont vont travailler les architectes. Pour faire en sorte que cette « ville inclusive » soit une réalité.

Q : Concernant l'accessibilité dans les transports, les hôtels, est-ce que cela va assez vite ?
MALF : On avait un gros souci d'accessibilité en France, donc les Jeux paralympiques ont permis d'en avoir conscience. Après on ne va pas se le cacher, sur la façon dont on a concrètement évolué, on n'y est pas encore. Cela ne veut pas dire qu'il y a des inquiétudes sur notre capacité à délivrer les Jeux car des solutions temporaires vont être trouvées (navettes, taxis, NDLR) pour acheminer les personnes en situation de handicap. Le regret que l'on peut avoir, c'est que toutes les solutions mises en place ne seront pas pérennes. Alors évidemment, toutes les évolutions au niveau des gares, du réseau de taxis le seront mais on aurait pu souhaiter avoir un agenda un peu plus affirmé autour de l'accessibilité et mis en place avant les Jeux, ce ne sera pas le cas. Mais tout le plaidoyer sur la difficile accessibilité liée aux Jeux va accélérer les choses.

Q : On prend souvent les Jeux paralympiques 2012 de Londres en exemple. Vous qui les avez connus en tant qu'athlète, que souhaiteriez-vous en garder ?
MALF : L'atmosphère, l'ambiance. Il y avait deux facteurs. Tout d'abord les volontaires, qui étaient aux abords du stade, du parc paralympique et qui étaient très accueillants, dynamiques. Le deuxième, c'est le nombre de spectateurs. J'ai eu la chance de concourir devant 80 000 spectateurs qui étaient des fervents de sports et qui grâce à des vidéos pédagogiques avaient aussi connaissance de la classification, cela rendait compte des performances. C'est aussi pour cela qu'on a développé une Journée paralympique (ndlr : la 2 édition aura lieu le 8 octobre 2023 place de la République, à Paris) car on voulait que les Français puissent avoir cette même prise de conscience et niveau de connaissance. On travaille aussi sur des supports pédagogiques pour que, lorsqu'ils se rendront aux Jeux, ils puissent apprécier le spectacle à sa juste valeur.

Propos recueillis par Laurie Veyrier

© Paris 2024

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