« Merci ! Merci de l'avoir faite tout comme moi ! ». Submergée par l'émotion, Emma serre sa poupée contre elle. Cette jeune texane (Etats-Unis) de 10 ans a été amputée de la jambe droite à l'âge de 9 mois à la suite d'une malformation de naissance. Pour son anniversaire, ses parents ont décidé de lui faire confectionner le cadeau de ses rêves, une poupée qui lui ressemble, équipée d'une prothèse rose, la couleur fétiche de la fillette. « Regarde, elle a une prothèse comme la mienne ! », sanglote Emma. Sa maman filme la scène ; en la postant sur les réseaux sociaux le 2 juin 2016, elle ne s'attendait certainement pas à un tel tsunami de visionnages puisqu'elle a été vue 34 millions de fois sur Facebook. Il est vrai que la réaction d'Emma est particulièrement poignante. Malgré son handicap, la petite fille est une sportive accomplie qui fait même partie de l'équipe de pom-pom girls de son école.
Des jouets auxquels s'identifier
Cette commande très particulière a été réalisée par A step ahead prosthetics spécialisée dans les prothèses… à taille réelle ! Un modèle unique mais, à plus grande échelle, certains fabricants ont pris le parti, depuis quelques années, d'envoyer valser les canons stéréotypés de la beauté afin de proposer aux enfants handicapés des jouets auxquels ils peuvent s'identifier. C'est ainsi qu'en 2015 la marque anglaise Makies lance une gamme de poupées qui portent une tâche de naissance, une cicatrice, une prothèse auditive ou se déplacent avec une canne. Une version en fauteuil roulant est même annoncée par la marque. Le fabricant utilise des imprimantes 3D pour pouvoir proposer des modèles sur mesure.
Faire bouger les grandes marques
Déjà en 2012, la poupée « handicapée mentale », du nom de Gil, avait suscité quelques remous en Suède. Son slogan : « Traitez-la comme une vraie débile ! » ; on devait cette provocation particulièrement sarcastique à une association de personnes handicapées qui souhaitait en finir avec la discrimination positive. Quelques mois plus tard, c'est au tour des Américains de commercialiser une poupée trisomique, création originale d'une maman qui s'est lancée dans cette confection pour donner, elle aussi, à sa fille, une compagne à son image. De nombreux parents, en particulier d'enfants handicapés, saluent ce type d'initiatives qui, l'espèrent-ils, pourront donner une représentation plus positive et surtout plus familière du handicap. Avec cet objectif, la campagne britannique Toy like me (un jouet comme moi) interpelle une à une les grandes multinationales du jouet et les invite à suivre l'exemple. Elle a déjà obtenu gain de cause auprès de Lego qui, en janvier 2016, met en vente la première figurine en fauteuil roulant (4 articles en lien ci-dessous). Un premier pas vers une meilleure acceptation de la différence et, pourquoi pas, dès la petite enfance ?
© Facebook / Courtney Fletcher Bennett