Le vote de la loi Égalité réelle Outre-mer en février 2017, qui vise à réduire les écarts de développement entre les territoires ultra-marins et la Métropole, a permis, notamment, la création de compléments de l'AAH à Mayotte (article en lien ci-dessous). Un premier pas dont ne souhaite pas se contenter la députée de La Réunion, Ericka Bareigts. Cette ancienne ministre des Outre-mer a rencontré Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge des Personnes handicapées, le 17 janvier 2018, pour lui faire part des besoins importants qui demeurent au sein de ces territoires en matière de handicap. Ainsi, à La Réunion, le nombre d'établissements par habitants est quasiment deux fois moins important que dans l'Hexagone ; il n'y a, par exemple, que 2,3 places pour 1 000 adultes âgés de 20 à 59 ans contre 4,4 en Métropole (hors Esat).
Vers un rattrapage ?
Ericka Bareigts réclame une « démarche de rattrapage pour les Outre-mer vers la moyenne nationale au cours des prochaines années ». Elle a par ailleurs exprimé le souhait de disposer de meilleures statistiques concernant la situation des personnes en situation de handicap dans ces territoires afin de pouvoir adapter les politiques en fonction. Selon la députée, Sophie Cluzel s'est montrée « sensible à ces remarques et a indiqué en tenir compte pour l'ensemble de sa politique en matière de handicap ».
AAH, RQTH : autres revendications
Pour les Outre-mer comme pour l'Hexagone, Ericka Bareigts a également plaidé pour la fin de la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l'Allocation adulte handicapés, au motif qu'elle « pénalise notamment les femmes, le privant ou diminuant leurs ressources ». Dans le même temps, le 23 janvier 2018, 50 députés de tous bords se sont associés à une initiative transpartisane visant le même objectif (article en lien ci-dessous). Elle revendique également la suppression des effets de seuil pour la Reconnaissance en qualité de travailleur handicapé (RQTH) dont, selon elle « la moindre variation peut causer des conséquences dramatiques allant jusqu'à l'exclusion aux droits ». Après avoir rencontré les associations de défense des droits de personnes en situation de handicap, l'ancienne ministre a par ailleurs fait valoir la longueur insupportable des délais de réponse des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Sophie Cluzel lui a indiqué le lancement d'un vaste chantier numérique pour accélérer le traitement des demandes qui devrait produire ses effets d'ici deux ans.
Aide à domicile à revoir
Enfin, Ericka Bareigts a partagé la préoccupation d'une Réunionnaise en situation de handicap qu'elle a rencontrée faisant valoir la perte d'intimité due au passage de nombreux intervenants chez elle. Ce sentiment est connu par de nombreuses personnes en situation de handicap dans tout le pays. Elle a proposé que les professionnels soient formés pour intervenir de manière polyvalente pour permettre qu'il n'y ait qu'un ou deux passages dans la journée. Selon elle, « cette réforme supposerait des changements dans la formation des agents et de veiller à ce que les actes de soins soient assurés par les personnels qualifiés mais permettrait des journées plus confortables et reposantes pour les personnes ». Une proposition qui devrait nourrir les réflexions de la secrétaire d'État sur l'aide à domicile.