Un an s'est écoulé depuis les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie (article en lien ci-dessous). Parmi la trentaine de mesures annoncées par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, celle de renforcer le déploiement des groupes d'entraide mutuelle (GEM) et des Clubhouse est en passe de voir le jour. Le gouvernement, par la voix de sa direction des Solidarités (DGCS), a diffusé le 15 septembre 2022 auprès des agences régionales de santé (ARS) le cahier des charges des collectifs d'entraide et d'insertion sociale et professionnelle (lien ci-dessous). Ce nouveau dispositif doit « pérenniser l'entraide entre pairs pour les personnes partageant des problématiques de santé ou situations de handicaps communes, amplifier les lieux ressources et assurer la disponibilité de l'offre sur l'ensemble du territoire ».
Cinq nouveaux « collectifs » d'ici 2025
Largement inspirés du modèle d'accompagnement proposé par le Clubhouse (article en lien ci-dessous), ils s'adressent en particulier aux personnes avec un trouble psychique, cognitif ou du neurodéveloppement, « avec ou sans reconnaissance de handicap ». « Il s'agit d'une formidable reconnaissance de la valeur du modèle Clubhouse et des résultats déjà obtenus en faveur du rétablissement et de l'inclusion de ses membres », s'est félicité Philippe Charrier, président de l'association Clubhouse France. Développé en 1948 aux Etats-Unis, cette « passerelle entre l'hôpital et la vie active » s'est ensuite exportée en France en 2010 et a vu naître, depuis, cinq antennes dans l'Hexagone (article en lien ci-dessous). La DGCS annonce donc d'ores et déjà la création de cinq nouveaux collectifs d'entraide d'ici 2025, « dans les régions non encore pourvues » par le réseau Clubhouse. Pour ce faire, 2,5 millions d'euros seront alloués par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), « sur la base d'un financement de 250 000 euros par structure ». Dans le détail, 1,7 million d'euros seront déployés auprès des ARS pilotant des structures existantes ou en cours d'installation. C'est le cas en Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Ile-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Pays-de-la-Loire, Bretagne et Corse. Le reste du budget, 750 000 euros, sera attribué à trois autres régions dont les noms n'ont pas été précisés.
Les objectifs du cahier des charges
Selon le cahier des charges, ils doivent répondre à un ensemble d'objectifs : « lutter contre l'isolement », « soutenir l'appartenance à un collectif », « encourager l'autodétermination des personnes » en développant des « initiatives individuelles » tout en privilégiant l'échange entre pairs, « organiser les coopérations avec les acteurs économiques » dans le cadre d'un projet professionnel et « contribuer à la déstigmatisation des troubles psychiques, cognitifs et du neurodéveloppement ». Pour vérifier la bonne application de ces critères, la DGCS invite chaque établissement à transmettre chaque année un bilan. Le document rappelle également les profils recherchés pour intégrer l'équipe accompagnante, composée d'un directeur et de chargés de cogestion et d'insertion, recrutés sur la base d'une « appétence pour le champ de la santé mentale et de l'insertion professionnelle ». L'équipe salariée peut d'ailleurs inclure des pairs-aidants professionnels. De leur côté, les personnes accueillies deviennent « membres du collectif » et adhèrent à ses principes et valeurs à travers une charte coconstruite. Pour bénéficier du dispositif d'emploi accompagné via le collectif d'entraide, ces personnes en situation de handicap peuvent soit avoir la reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH), soit être accueillies en établissement et service d'aide par le travail (ESAT) ou même travailler en milieu ordinaire et « être confrontées à des difficultés particulières pour sécuriser de façon durable leur insertion professionnelle ».