Comment réagissez-vous face à une personne handicapée ? 60 % des répondants déclarent avoir une réaction positive et vouloir échanger avec elle. Ils ressentent notamment de l'admiration et reconnaissent « leur courage ». Mais, pour les personnes handicapées, c'est une toute autre histoire ! Elles affirment ressentir la gêne, l'indifférence et la peur de leur interlocuteur. Une discordance considérable qui s'accentue selon le type de handicap… Cette question a été posée à 183 personnes dans le cadre d'une étude sur la perception du handicap. L'association La nuit du handicap dévoile le second volet de cette enquête réalisée par Opinionway, à l'occasion de la 2e nuit du handicap, qui aura lieu le 15 juin 2019 dans toute la France.
Bienveillance non décodée
Si 44 % des personnes handicapées perçoivent de la gêne lors d'une rencontre, ce chiffre passe à 56 % en cas de trouble moteur. A contrario, il est inférieur pour les personnes avec une déficience sensorielle (36 %). D'autre part, un lourd malentendu plane sur l'empathie. 28 % des sondés indiquent en faire preuve mais seuls 5 % des personnes handicapées la perçoivent, en majorité des jeunes. « Il y a là un point qui pourrait mettre notre société en mouvement. La bienveillance existe mais elle n'est guère perçue, estime Marin Gillier, coordinateur national de la Nuit du handicap. Nous devons réfléchir tous ensemble pour dépasser cette difficulté qui est à portée de main. »
Hiérarchie des difficultés
Autre perception biaisée, celle de l'accès à l'emploi. S'il est identifié comme une difficulté principale par la majorité de la population (40 %), ce sujet n'arrive qu'en sixième position pour les personnes concernées. Seuls 22 % la classent comme un obstacle majeur, derrière la solitude et avant les regards malveillants. A ce propos, le sentiment d'isolement est plus fort chez les hommes (32 %) que chez les femmes (20 %). « Valides » et personnes handicapées ont tout de même des points de concordance, notamment sur la difficulté centrale, à savoir les contraintes de la vie quotidienne. De même, un tiers d'entre eux identifient les préjugés comme une « peine importante ». Selon Marin Gillier, c'est la raison pour laquelle il est essentiel de « développer des initiatives qui permettent aux uns et aux autres de se rencontrer, d'apprendre à se connaître, de s'apprivoiser ».
Le handicap n'est pas une finalité
Les personnes handicapées, plus optimistes ? Contrairement à 63 % des « valides », 79 % d'entre elles estiment que le handicap ne signifie pas devoir renoncer à certains projets de vie (professionnels, artistiques, voyages, vie sentimentale…). Un écart qui s'accentue concernant l'emploi : 83 % de la population considère le handicap comme un obstacle dans la construction d'une carrière professionnelle (contre 63 %). « Les personnes handicapées ont donc une plus grande connaissance et confiance en leurs compétences et en leurs capacités », analyse l'association. Concernant la sphère personnelle, les relations amoureuses sont considérées comme « plus compliquées » par les personnes avec un handicap sensoriel (67 %) et moteur (83 %). Enfin, cette enquête se conclut sur une note positive. 89 % des personnes handicapées interrogées souhaiteraient échanger davantage avec les « valides » et 74 % de ces derniers les rejoindraient volontiers.
Evénement de partage
Créer la rencontre et briser les clichés, c'est justement l'ambition de La nuit du handicap qui promet d'être festive et « spectaculaire ». Au programme : chants, danses, témoignages, performances sportives et artistiques… L'évènement, gratuit et ouvert à tous, débutera à 16 heures dans 24 villes : Amiens, Angers, Bordeaux, Boulogne-Billancourt, Buhl, Clichy, Compiègne, Fort-de-France, Lanester, Lille, Maubeuge, Nantes, Orléans, Puteaux, Paris, Saint-Etienne, Sens, Strasbourg, Toulouse, Troyes, Versailles, Vierzon, Villeneuve-sur-Lot, Xanton-Chassenon. « Cet évènement labellisé #TousConcernésTousMobilisés est, pour chacun de nous, une chance de dépasser les préjugés ! », affirme l'association. La 1ère édition avait permis de rassembler 50 000 personnes. La seconde fera-t-elle mieux ? Réponse dans une quinzaine de jours !