Handicap et un emploi, un sujet tabou ? 30 % des personnes handicapées ne parleraient pas de leur handicap au travail. Si la plupart d'entre elles estiment que le sujet n'est pas d'ordre professionnel, la crainte des effets néfastes sur leur carrière est tout de même prégnante. 895 d'entre elles, en emploi ou l'ayant été, se sont exprimées dans le cadre d'une étude menée par l'agence évènementielle agréée Entreprise adaptée (EA) Inspirience, à l'occasion du salon Handicap, emploi et achats responsables, qui se tiendra le 28 mai 2019 à Paris. L'objectif : optimiser l'inclusion en entreprise.
Intégration positive
Deux personnes interrogées sur trois jugent leur intégration professionnelle « facile » et évoquent un environnement bienveillant, a fortiori dans les grandes entreprises. Elles se sentent intégrées, au même titre que leurs collègues « valides » (86 %) et reconnues pour leurs compétences (80 %). Des résultats qui peuvent paraître surprenants lorsqu'on sait que le taux de chômage de ce public atteint 19 %, un chiffre deux fois supérieur à la moyenne nationale. Le profil des interrogés ? 78 % d'entre eux ont formulé une demande de reconnaissance professionnelle ou médicale, en majorité la RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé), et 66 % l'ont obtenue. Plus de la moitié d'entre eux indiquent l'avoir demandée pour bénéficier d'un aménagement de leur environnement professionnel.
Aménagement de poste : 1er besoin spécifique
L'adaptation du poste de travail arrive en tête des besoins spécifiques, loin devant celle du rythme de travail et des horaires. 73 % des sondés estiment que l'entreprise en a tenu compte mais, en majorité, seulement de manière partielle. Selon eux, la formation représente le levier majeur pour améliorer le bien-être au travail. Ils plébiscitent également la sensibilisation de l'environnement proche (managers, collègues, hiérarchie) et de nouveaux aménagements professionnels. Certains estiment qu'ils devraient changer de poste ou être consultés sur la politique handicap de l'entreprise. Selon Grégoire Decaux, dirigeant d'Inspirience, on ne peut que constater cette envie d'évoluer, d'être formé, « des attentes légitimes et identiques à celles des autres salariés ». « Ces résultats tordent le cou aux stéréotypes communément véhiculés sur ces collaborateurs, qui seraient 'moins productifs, plus lents, ou souvent absents pour cause de maladie », ajoute-t-il.
Manque d'accompagnement
Si les répondants sont majoritairement positifs concernant leur environnement de travail, seuls 18 % d'entre eux se disent « très satisfaits » des actions menées par leur entreprise en faveur du handicap. Par ailleurs, 2/3 estiment ne pas être accompagnés dans leur carrière. « Un chiffre étonnant à l'heure de la GPEC (Gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences) et de la généralisation des politiques handicap », analysent les organisateurs de l'étude. Interrogés sur les trois principales « compétences transverses » qu'ils ont le moins développé pendant leur parcours professionnel, le management arrive en tête pour 31% d'entre eux. Si la majorité se dit « fortement engagée » au travail, seul 1/3 estime que l'entreprise leur renvoie la pareille pour favoriser leur intégration. Pour Véronique Fizelson, directrice associée d'Inspirience, « un vrai challenge se pose donc aux entreprises d'augmenter cette valeur partagée. Trop d'initiatives sont engagées par ces dernières, dont les fruits ne sont pas directement et clairement perçus par les intéressés ». Selon Sophie Rouxel, commissaire générale du salon, pour y remédier, « une prise de conscience massive des décideurs » est nécessaire « pour faire du handicap, non plus une contrainte à assumer, mais bien un engagement RSE (ndlr, Responsabilité sociale des entreprises) majeur à porter par l'entreprise. »