Alors que se tient, le 18 février 2022 au matin, la grande Conférences des métiers de l'accompagnement social et médico-social qui réunit autour du Premier ministre tous les partenaires sociaux pour tenter de sauver une filière en crise, Denis Piveteau apporte sa pierre à l'édifice. La veille, il a remis au gouvernement son rapport « Experts, acteurs, ensemble… pour une société qui change » (en lien ci-dessous). Son credo : « Choisir un métier du travail social, c'est se donner le pouvoir d'agir, avec les personnes que l'on accompagne, pour faire advenir une société inclusive ». En 57 pages, il entend « esquisser les perspectives nécessaires à ces métiers, en lien avec les aspirations des personnes accompagnées ». Il prévient toutefois : « Ce rapport n'a pas pour objet d'apporter des réponses immédiates » ou de « traiter la revalorisation de ces métiers » mais « tente de restituer l'action à conduire dans une perspective plus structurelle, gage de solutions durables ».
Pouvoir d'agir : un désarroi partagé
Pour Denis Piveteau, cette approche doit être « centrée sur la personne et son parcours de vie ». Mais comment mettre en œuvre ce « pouvoir d'agir » ? Même si, selon lui, « aucun des très nombreux interlocuteurs rencontrés au cours de cette mission n'a remis en doute l'existence du virage conceptuel de l'autodétermination de la personne accompagnée », il dit avoir ressenti le « désarroi partagé », à la fois des personnes et des professionnels. « Inertie des structures, mentalités figées, moyens insuffisants, organisations inadaptées… font dire à certains que le rêve (...) prend les airs d'un leurre », écrit-il dans son rapport. Pour Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), c'est pourtant bien « l'autodétermination des personnes handicapées qui devient l'impératif de ces travaux en cours, pour ensuite développer une culture et des pratiques managériales qui vont valoriser cette auto-détermination et ainsi contribuer au développement de cette société ouverte à tous ».
Quatre agendas à venir
Denis Piveteau, conseiller d'Etat, ancien directeur de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), a été missionné en novembre 2021 par le Premier ministre dans un contexte de crise sans précédent pour le secteur, qui nécessite des « transformations profondes », admet le gouvernement. Les conclusions de cette réflexion ont été partagées par les acteurs du secteur lors de la conférence du 18 février, une amorce car cette métamorphose doit s'inscrire dans le temps. Denis Piveteau vise un véritable « bouleversement sociétal » qui nécessite une démarche d'innovation sociale. Alors, plutôt que des propositions, il livre, dans quatre agendas, des objectifs à court, moyen et long terme : transformation inclusive du cadre de vie collectif, renforcement des habiletés professionnelles, transformation des organisations de travail et nouvelles règles d'allocation des ressources. Jean Castex annonce, entre autres, en avril 2022 la mise en place d'un comité des métiers socio-éducatifs afin de « consolider la filière ».