La prime Ségur pour les travailleurs sociaux en avril 2022

Victoire pour les oubliés du Ségur ? Après les soignants, les travailleurs sociaux des structures associatives non lucratives devraient eux aussi toucher la hausse de 183 euros nets par mois du Ségur. Confirmation faite le 18 février au matin.

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DERNIERE MINUTE DU 29 AVRIL 2022
Pour poursuivre la revalorisation salariale des métiers de l'accompagnement social et du médico-social, en application des mesures de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 (LFSS 2022) et à la suite de la conférence des métiers de l'accompagnement social et médico-social du 18 février 2022, six décrets ont été publiés au journal officiel les 28 et 29 avril 2022...

ARTICLE INITIAL DU 18 FEVRIER 2022
Les oubliés du Ségur ont enfin été entendus. + 183 euros net par mois pour les travailleurs sociaux employés par des structures associatives non lucratives, considérés comme « non-soignants », tels que les psychologues, éducateurs spécialisés, assistantes sociales, moniteurs d'ateliers, techniciens d'intervention sociale... Ils remplissent des missions sociales financées par les pouvoirs publics, dans le champ de l'aide aux sans-abri, aux personnes handicapées, aux enfants en danger ou aux femmes victimes de violences, par exemple. Celle revalorisation s'aligne sur celle déjà accordée aux soignants après une très forte mobilisation ; alertes, grèves et manifestations n'ont jamais cessé depuis des mois, amplifiées en janvier 2022, afin de dénoncer une rupture d'égalité qui n'a pas manqué de créer des tensions dans les équipes.

Sur le salaire d'avril

Ces professionnels devraient pouvoir compter sur cette revalorisation rapidement, à compter du 1er avril 2022, avec peut-être un décalage de deux mois pour le versement, prévient Matignon. Mais « la première revalorisation de novembre 2021 (ndlr : pour les autres catégories) n'est toujours pas effective dans toutes les associations car l'Etat n'a pas assuré le financement, les obligeant à faire une avance de trésorerie sur leurs fonds propres, ce qui est devenu impossible aujourd'hui pour un certain nombre d'entre elles », s'inquiète cependant le Collectif handicaps. Quant à l'Apajh, elle prévient qu'elle « restera extrêmement vigilante jusqu'à la publication des décrets d'application ».

Confirmé par Castex

Cette annonce et ces détails ont été confirmés par Jean Castex le 18 février 2022 au matin en clôture de la Conférence des métiers de l'accompagnement du social et du médico-social qui a réuni, autour de lui et de huit ministres, les partenaires sociaux (départements, associations, organisations syndicales...). Le gouvernement assure avoir « entendu les attentes fortes et le sentiment de perte de sens et d'invisibilité alors que ces professionnels sont un maillon essentiel ». Ayant reconnu des « niveaux de revenus très faibles, des grilles de salaires anciennes et des conventions collectives obsolètes », il entend donner ce coup de pouce à une « filière en tension RH (ressources humaines) très forte ». Ainsi, 70 % des établissements assurent rencontrer des difficultés de recrutement avec entre 15 et 30 % de postes non pourvus. Le médico-social subit depuis des mois une crise sans précédent et une hémorragie de ses personnels attirés par des secteurs plus lucratifs ; selon Matignon, les éducateurs spécialisés ne gagnent que 1 300 euros par mois en début de carrière tandis que le salaire net médian est estimé à 1 770 euros.

D'autres mesures...

Si cette revalorisation mensuelle est un « enjeu à court terme », le gouvernement assure vouloir rendre ces carrières plus attractives dans la durée. Il débloquera 500 millions d'euros par an pour financer une hausse globale des salaires, dans le cadre d'une nouvelle convention collective unique pour toute la branche, que les partenaires sociaux sont invités à négocier à l'horizon 2024. Une enveloppe supplémentaire de 90 millions d'euros en 2022 -soit 120 millions en année pleine-, financée à 55 % par l'Etat et 45 % par les départements, sera dédiée aux travailleurs sociaux dépendant de la Fonction publique, soit près de 30 000 agents.

Jean Castex annonce par ailleurs l'extension de cette mesure aux soignants non concernés jusque-là, « écartés à cause de l'éclatement et la complexité du secteur », à savoir les médecins coordonnateurs dans les EHPAD, les professionnels des centres de soins infirmiers, les aides à domiciles dans les centres communaux d'action sociale, les médecins sages-femmes des PMI et les professionnels des centres de dépistage et de prévention.

Il promet, ensuite, la mise en place d'un comité des métiers socio-éducatifs d'ici avril 2022, afin d'organiser dans la durée un pilotage dynamique et resserré des différents chantiers. Avec la volonté d'améliorer la qualité de vie au travail des professionnels ou encore la formation professionnelle et la VAE (Validation des acquis de l'expérience), 120 millions d'euros dur trois ans seront également débloqués. Enfin, la grande campagne de recrutement d'urgence dans les secteurs sanitaire, du grand âge et du handicap, pour « susciter des vocations », prévue mi-février 2022, sera finalement reportée fin mars ou début avril. Le gouvernement se dit « en ordre de marche » pour la « dernière étape sociale de ce quinquennat ». Jean Castex vante dans son discours une étape « historique », avec 1,3 milliard d'euros d'investissement en faveur des professionnels de la filière socio-éducative, assurant que « l'Etat sera là dans la durée même s'il ne fera pas tout », allusion aux responsabilités des départements qui, via la bouche de l'Assemblée des départements de France, assurent qu'ils vont s'engager à ses côtés. 

Réactions des associations

Les réactions des associations commencent à affluer... « Une première étape, attendue, qui pose un jalon significatif vers une meilleure reconnaissance du secteur du handicap », mais une « mesure tardive qui ne réussira pas à elle seule à résoudre une crise majeure », pour l'Unapei (association de personnes avec un handicap mental), alors que « les menaces sur l'accompagnement des personnes en situation de handicap restent préoccupantes ». Le réseau Uniopss, qui a porté ce combat, salue la « juste reconnaissance de l'action des professionnels des métiers de l'humain » tout comme le Collectif handicaps qui se félicite que ce sujet ait été pris « à bras le corps ».


Paralysie cérébrale France y voit des « annonces positives (...), de nature à permettre aux personnes handicapées d'évoluer dans un environnement plus apaisé » mais regrette qu'à ce stade « les filières techniques et administratives (qui représentent bien souvent les plus bas salaires, à savoir les surveillants de nuit, agents de restauration, de service et de maintenance, postes au siège, assistants administratifs et fonctions support) ne soient pas prises en compte ». Le gouvernement doit maintenant « parachever la convergence des conventions collectives pour plus de lisibilité et d'équité », ajoute Jacky Vagnoni, président de l'association. « Les travaux de restructuration du secteur sur le long terme doivent débuter le plus rapidement possible, insiste le Collectif handicaps, et faire l'objet d'un portage politique trans-partisan dans les prochains mois ». 

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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