Réforme de l'apprentissage : le handicap dans la balance !

Muriel Pénicaud lance le chantier de la réforme de l'apprentissage pour en faire une voie d'excellence pour tous. Une voie qui pourrait être royale pour les personnes handicapées mais peine à s'imposer. Quelle promesse ?

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Alors que s'ouvre la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées le 13 novembre (jusqu'au 19), Muriel Pénicaud, ministre du travail, lance le 10 novembre 2017 la concertation pour « l'avenir de l'apprentissage ». Le gouvernement Macron vise non pas une « réforme » mais une « transformation ».

Solution prometteuse

Dans son discours, la ministre définit cette solution comme « pas la seule, mais assurément une des plus prometteuses et importantes ». L'apprentissage constituerait « une voie de réussite et une promesse solide d'insertion professionnelle pour les jeunes, ainsi qu'une réalité d'embauche qualifiée pour les employeurs ». Sept mois après leur sortie de formation, 69% des anciens apprentis ont un emploi et la moitié sont embauchés dans l'entreprise où ils ont effectué leur apprentissage.

En matière de handicap ?

Et pour les personnes handicapées ? Rappelons que la limite d'âge de 25 ans pour entrer en apprentissage ne s'applique pas aux jeunes en situation de handicap.
L'alternance a constitué l'une des deux priorités de la politique de l'Agefiph de 2013 à 2015. Le troisième volet de ce plan a été lancé au printemps 2014 avec une montée en puissance des dispositifs et de l'information auprès des entreprises et des personnes handicapées. En 2015, on dénombre 6 183 d'entre elles en contrat de professionnalisation ou d'apprentissage dans le privé, contre 3 967 en 2012 (chiffres Agefiph). Ce type de formations semblent adaptées et efficaces pour favoriser leur accès à l'emploi puisqu'elles permettent d'acquérir une qualification professionnelle et, parallèlement, de mettre un pied « en douceur » dans l'entreprise. Un plus pour les travailleurs qui, dans la conjoncture économique actuelle, s'avèrent les plus vulnérables sur le marché du travail.

Objectif du CIH

Ce point a été évoqué lors du Comité interministériel du handicap (CIH) qui s'est réuni le 20 septembre à Matignon, souhaitant « faciliter l'accès et le maintien dans l'emploi en milieu ordinaire via les moyens de formation professionnelle, notamment l'apprentissage ». Le seul objectif mentionné dans le dossier de presse étant « d'accueillir au moins 6% d'apprentis en situation de handicap dans le secteur public ». Pour l'État, 600 personnes pour un objectif de 10 000 apprentis ! Le Fiphfp regrette d'ailleurs que « seuls 50% des apprentis formés pour le moment au sein de la fonction publique y restent à l'issue de leur contrat de 2 ou 3 ans », ce qui contraint ce fonds dédié aux employeurs publics à mener une « politique plus rigoureuse, pas seulement à l'entrée mais également lors du suivi et en matière de recrutement ».

2% d'apprentis handicapés

Pourtant l'orientation vers l'apprentissage reste faible en France : il ne concerne que 7% des 16-25 ans (tous publics) en France contre 15% en Allemagne. Ou encore 65% en Suisse ! La ministre du Travail explique cette situation par la « complexité et le manque de transparence produisant un système qui perd les jeunes, les familles et les entreprises », au point, selon elle, de « régresser » dans notre pays. Constat plus amer encore du côté des jeunes en situation de handicap ; selon Véronique Bustreel, conseillère en charge des questions d'emploi au sein de l'APF (Association des paralysés des France), « seulement 2% des apprentis sont en situation de handicap. Il y a une marge de progrès… ».

Une voie d'excellence pour tous ?

Dans son discours, Muriel Pénicaud entend donc revoir tout le système et en faire une « voie d'excellence (…) sans être conditionné par son origine sociale, son réseau familial ou son handicap ». Elle cite spécifiquement les jeunes handicapés déclarant que les « CFA (centre de formation des apprentis) et les entreprises doivent pouvoir aussi adapter leur offre à leur situation ». Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge du handicap, réagit dans un tweet. « Avec l'appui des partenaires sociaux, nous devons mettre fin aux ruptures de parcours pour notre jeunesse. »
Muriel Pénicaud rédigera fin janvier 2018 un rapport de synthèse qui alimentera le projet de loi qui sera déposé au Parlement mi-avril.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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