Chaque jour passé dans les camps de réfugiés augmente le risque de développer une maladie psychique aiguë. C'est la principale conclusion d'une récente étude internationale menée par la Business School de Londres, qui exhorte à mettre en place les mesures nécessaires afin de protéger les réfugiés tout au long de la procédure de demande d'asile. Cette enquête s'appuie sur trois mois de données anonymes fournies par le Moria medical support, un centre de soins provisoire situé sur l'île grecque de Lesbos.
Plus de réfugiés mais pas plus de soins
« Si le nombre de jours passés augmente de 10 %, les risques pour les réfugiés de souffrir d'une crise affectant leur santé mentale augmentent de 3,3 % », précisent ses auteurs. Des données « non négligeables », selon eux, « quand on sait que la durée moyenne d'un séjour est de 70,6 jours ». Les réfugiés d'origine iranienne, irakienne et syrienne sont les plus affectés par cet allongement. A noter que les hommes sont davantage susceptibles de souffrir de crises aiguës. Cela peut se manifester par de l'anxiété, de l'agitation ou de l'agressivité sans objet particulier, des comportements autodestructeurs ou encore des tentatives de suicide. « L'accord passé en 2016 entre l'Union européenne et la Turquie a conduit à la multiplication des populations réfugiées dans les camps mais les services adaptés en matière de soins en santé mentale n'ont été ni étendus ni améliorés dans les mêmes proportions », déplore Francisco Urzua, co-auteur de cette étude. Les chercheurs dénoncent l'effet « préjudiciable » d'un système d'asile qui perdure, en raison des mauvaises conditions de vie dans les camps.
Des conséquences après la sortie du camp
Cette détérioration de la santé mentale n'affecte pas seulement les personnes concernées, elle a également des répercussions importantes sur les autres réfugiés. « On constate ainsi une augmentation de la violence physique et la déstabilisation d'un environnement social souvent très uni, ce qui altère le bien-être psychique général », observent les chercheurs qui déplorent que ces conséquences perdurent à la sortie du camp et compliquent l'intégration des personnes réfugiées dans la société. Avec cette étude, ils espèrent sensibiliser le public et les responsables politiques « de toute l'Europe » sur le respect de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et la nécessité d'une demande d'asile « plus humaine ».