Des "regards croisés sur le handicap" avec Josef Schovanec

"Si nous étions tous pareils, la vie serait tellement triste". Pour parler emploi et vie culturelle des personnes handicapées, Josef Schovanec, invité du colloque Regards croisés sur le handicap à Lyon, revient sur ses expériences d'écrivain.

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« À l'origine, le verbe « créer » signifie la création et le développement de soi », rappelle-t-il. Josef Schovanec, l'écrivain porteur du syndrome d'Asperger qu'on ne présente plus, a plus d'une remarque pertinente dans son sac. Il vient de se voir confier une mission consacrée à l'emploi des personnes autistes par le gouvernement (article en lien ci-dessous). À l'université Lyon 2, le philosophe était présent le 25 mai 2016 pour apporter son point de vue sur l'emploi et l'accès à la culture des personnes handicapées à l'occasion du colloque « Regards croisés sur le handicap », organisé par le professeur Charles Gardou, spécialiste sur cette question. À cette occasion, des chercheurs, travailleurs handicapés, éducateurs et enseignants ont échangé toute la journée.

Des dispositifs d'intégration

Comment sensibiliser les entreprises et valoriser les compétences d'une personne handicapée ? Pour Claudette Golfier, directrice d'HandiAgora, une société d'aide à l'emploi, « l'alternance et la formation sont des aspects majeurs à prendre en compte ». À l'occasion de ces réflexions, Emmanuel Jung, conseiller en management malvoyant, est revenu sur son parcours. « Mes parents travaillaient dans un établissement spécialisé pour personnes avec un handicap mental. Ils voulaient me scolariser à l'école ordinaire, raconte-t-il. J'ai toujours bénéficié d'un tiers-temps pendant les examens. Aujourd'hui, je suis travailleur indépendant mais je pense que les entreprises les plus compétentes sont celles qui sont capables de se transformer, de laisser une grande place à la diversité ». Dans le public, un employeur rappelle : « L'entreprise doit gagner de l'argent pour survivre, le recrutement est toujours un pari risqué pour un employeur. Heureusement, des dispositifs existent. Il est possible, aujourd'hui, d'organiser une mise en situation dans l'environnement professionnel, pour une à deux semaines ». La méthode, de plus en plus utilisée, donne à l'employé l'occasion de se projeter dans son environnement de travail. De son côté, l'entreprise a le temps d'évaluer correctement son candidat, en fonction de ses compétences.

La pratique théâtrale pour interpeller

Deuxième thème abordé : la culture comme moyen d'intégration. Pour en parler, Muriel Carrupt, comédienne, a exposé son travail, qu'elle exerce au sein de la compagnie de théâtre Signes. Le collectif intègre des comédiens en situation de handicap. « Je n'aime pas dire que je travaille avec le handicap. Je travaille plutôt avec la vie. Cette activité, c'est aussi la reconnaissance de mon métier de comédienne » a-t-elle précisé. Art-thérapeute, elle anime des ateliers de développement personnel par l'expression corporelle, auprès de personnes handicapées. Pour appuyer ses propos, Charles Chalaguier, fondateur de la compagnie, a déclaré : « Le théâtre est un grand outil d'émancipation et de sensibilisation ». Ce principe, la compagnie Insolite Fabriq l'a bien compris. La troupe, qui réunit des comédiens en situation de déficience intellectuelle, a surpris le public avec un mini spectacle destiné à montrer comment le collectif agit en milieu professionnel. Insolite Fabriq intervient régulièrement dans les entreprises pour sensibiliser à l'intégration de personnes handicapées. Des initiatives encourageantes, même si la question de la place du handicap dans l'espace culturel français trouve encore peu de réponses, selon plusieurs personnes venues assister aux débats.

Josef Schovanec, témoin captivant

À la suite de chaque intervention, Josef Schovanec, grand témoin de la journée, a exprimé son ressenti : « Dans le monde du handicap français, nous  raisonnons souvent de façon cloisonnée. Le club des schizophrènes ne se mélange pas avec celui des personnes autistes ou de celles avec un handicap moteur, sauf peut-être pour comparer ses subventions. Ce colloque a ceci de précieux qu'il fait sauter les barrières sur le plan culturel. Il est tellement important de mutualiser les ressources et les talents pour arriver à un meilleur modèle de société », a-t-il estimé. Et de conclure : « Si nous étions tous pareil, la vie serait tellement triste ».

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Aimée Le Goff, journaliste Handicap.fr"
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