« Une bulle dans la bulle. » C'est ainsi que l'on pourrait décrire l'IME de Chevreuse, l'un des seuls établissements français à accueillir des enfants sourds-aveugles, situé dans les Yvelines. Ces derniers participent tous les quinze jours à des ateliers de médiation équine. L'unique façon pour eux d'entrer en communication avec le monde extérieur, pour sortir de leur bulle, entrer dans une autre, et nous y emmener avec eux. Une expérience particulière, qui fait l'objet d'un reportage vidéo, à retrouver sur Handicap.live.
10 à 15 000 Français sourds-aveugles
A l'origine de ce projet ? Jean Bouissou, fondateur de l'association Quintette, lui aussi sourd-aveugle (Chevaux miniatures : au bonheur d'enfants sourdaveugles). D'après la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), entre 10 et 15 000 Français de 0 à 60 ans présentent ce double handicap. Pour les jeunes de Chevreuse, privés des biais de communication ordinaires, la médiation animale est une vraie passerelle.
Une lecture émotionnelle du patient
« Le cheval va nous permettre d'avoir une lecture émotionnelle de notre patient, et ça c'est très riche », indique Jennifer Champol, psychologue et zoothérapeute. Animal « de proie », il noue effectivement une relation familière avec l'homme, basée sur la communication non verbale. « Je l'ai remarqué à titre personnel : lorsque mon chien se trouve à trois mètres de moi, je ne sais pas où il est. Ce qui n'est pas le cas pour le cheval, que je peux facilement sentir à mes côtés, même à trois mètres de distance », affirme Jean Bouissou.
Faciliter la socialisation
En quatre ans d'existence, ce projet thérapeutique a déjà porté ses fruits. Des enfants, jusqu'alors réticents au moindre contact, socialisent désormais plus facilement. « Le cheval a cette capacité d'apaiser l'anxiété grâce son rythme cardiaque bas. Il renvoie également en miroir les émotions de l'enfant non-oralisant, via des mouvements de queue, d'oreille ou grattements au sol, que seul le zoothérapeute peut interpréter. »
Une pratique qui tend à se développer
« Nous avons eu l'expérience avec un jeune, envahi par ses émotions. Seul le cheval l'a perçu lorsque nous l'avons placé sur son dos. Il a commencé à remuer la queue et gratter le sol. Nous avons apaisé le jeune et le cheval séparément puis la séance a pu reprendre en toute tranquillité », poursuit Jennifer. Encore peu connue, la pratique de la médiation équine tend à se développer, notamment auprès de publics victimes de traumatismes, à la suite de violences sexuelles et conjugales.
© Clotilde Costil