Un blastome rétinien a privé Rosalinda Manata de la vue. Voir, c'est bien la seule chose qu'elle est incapable de faire. A 21 ans, cette talentueuse jeune femme sait chanter, jouer du piano et du Ukulélé et maîtrise quatre langues (le français, l'anglais, l'espagnol et le lingala, sa langue maternelle). Après avoir vu le jour en Angola puis posé ses valises en France pour tenter de soigner sa tumeur de la rétine, elle s'est mise en tête de conquérir les Etats-Unis. Après deux cursus d'études dans le Minnesota et l'Illinois, elle intègre aujourd'hui la prestigieuse université de Seton Hall, dans le New Jersey, pour suivre une maîtrise en relations internationales et diplomatie. Coup d'œil sur ce parcours scolaire inspirant !
La musique, son « point d'ancrage »
Rosalinda fréquente une école pour enfants malvoyants jusqu'en sixième, en France, tout en étudiant la musique au conservatoire, où elle apprend chaque morceau principalement à l'oreille. « J'ai commencé à jouer quand j'ai complètement perdu la vue, cela est devenu mon point d'ancrage dans le monde », explique-t-elle. Déficiente visuelle dès son plus jeune âge, la jeune fille n'a pourtant pas froid aux yeux. Au lycée, elle décide de participer à un programme international d'échanges : PIE high school, qui, destiné aux jeunes âgés de 13 à 18 ans, permet d'étudier dans un lycée américain, d'être logé au sein d'une famille d'accueil et ainsi de s'immerger dans la culture anglophone.
Des études à l'étranger pour plus d'autonomie
Forte de cette « formidable » expérience, Rosalinda décide de retourner dans la région du Midwest pour effectuer des études supérieures, après avoir obtenu son bac en France. Elle participe alors à un deuxième programme et intègre l'Illinois college pour y suivre une « major en relations internationales ». Une formation sur quatre ans « complète, diplômante et adaptée », qui a su compenser son handicap, lui permettant de se faire « facilement une place ». En parallèle, la mélomane poursuit sa passion pour la musique, donnant de la voix, outre-Atlantique, dans plusieurs chorales. « Non voyante, je n'aurais jamais imaginé pouvoir avoir un tel parcours. Etudier aux Etats-Unis m'a rendue non seulement plus forte mais surtout complétement autonome », se réjouit Rosalinda, incitant les étudiants en situation de handicap à « franchir les frontières ».