Les jeunes ont, plus que jamais, la bougeotte ! Selon l'agence Campus France, 5,6 millions d'entre eux partent à l'étranger pour étudier, soit une progression de 4 % de 2017 à 2018 et de pas moins de 31 % en cinq ans. Si la mobilité internationale fait partie intégrante du parcours de formation des étudiants des grandes écoles elle reste très difficile pour ceux en situation de handicap. Pour lever ces freins, la Conférence des grandes écoles (CGE) remet son étude exploratoire à l'occasion de la deuxième cérémonie de remise des bourses d'encouragement. D'une valeur totale de 30 000 euros, elles ont été octroyées à dix lauréats d'écoles d'ingénieurs ou encore de management, le 6 juillet 2021 au Quai d'Orsay, en présence notamment de Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, et de Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap. L'objectif ? Alléger les surcoûts liés au handicap supportés par les jeunes et leur famille.
Freins majeurs : transports, soins, vie socio-culturelle
Basée sur plusieurs enquêtes réalisées notamment auprès d'étudiants et de parents d'élèves en situation de handicap et sur les auditions de plus de 80 experts, cette étude, qui répond à la lettre de mission adressée en novembre 2020 à la CGE par les ministères de l'Europe et des Affaires étrangères, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, de l'Outre-mer et du Secrétariat d'Etat au Handicap, a permis d'identifier plusieurs freins majeurs et transversaux. Parmi eux, le manque de continuité d'accès aux soins, aux traitements et à l'accompagnement, des difficultés liées aux transports aériens d'équipements et de traitements ou à l'accès aux transports locaux et à la vie sociale et culturelle... Sans compter les multiples barrières administratives et financières.
79 solutions pour améliorer la mobilité internationale
Les auteurs de l'étude, Xavier Quernin et Mélanie De Sousa, de l'école d'ingénieurs UniLaSalle, membre de la CGE, ont ainsi formulé 79 solutions pour encourager les étudiants handicapés à quitter le pays. Parmi elles, la mise en place d'un référent handicap dans les ambassades comme point de contact pour informer et accompagner les étudiants, la création d'un booster pour les assurances privées financé par le ministère de tutelle de l'établissement d'enseignement supérieur afin d'inciter les assurances privées à couvrir l'ensemble des soins de santé des étudiants, ou encore la création d'une « valise médicale cabine » pour le transport de traitements ou de dispositifs médicaux hors utilisation pendant le vol.
Vers un statut d'étudiant handicapé international ?
« Les études à l'étranger constituent une chance de s'ouvrir à d'autres cultures, à d'autres langues, un atout décisif pour l'insertion professionnelle », affirme Sophie Cluzel. « Il est inacceptable qu'aujourd'hui des étudiants, en raison de leur situation de handicap, visible ou invisible, ne puissent pas bénéficier pleinement de cette expérience. C'est pourquoi la CGE porte depuis plusieurs années un plaidoyer en faveur du statut international de l'étudiant en situation de handicap (article complet en lien ci-dessous) », explique son président, Laurent Champaney. « Nous sommes allés jusqu'à l'Onu pour défendre ce statut, ajoute Xavier Quernin, également chargé de mission handicap à l'Institut polytechnique UniLaSalle. Mais, en tant qu'ONG (organisation non gouvernementale), nous ne pouvons aller plus loin et devons mener des actions de lobbying afin d'inciter un Etat membre à le porter ». Sophie Cluzel avait annoncé en mai 2018 que la France s'était emparée de cette question. Affaire à suivre...