Rio 2016 : les handisportifs brésiliens prêts à briller

Contrairement à ses athlètes valides, la délégation brésilienne est en pleine progression sur les derniers Jeux paralympiques. 7e du tableau des médailles à Londres, en 2012, elle vise un top 5 à Rio en 2016 pour "ses" Jeux.

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Par Javier Tovar

Quand il se regarde dans le miroir, Daniel Dias voit un jeune homme unijambiste et sans mains ; mais il voit aussi un nageur multi-médaillé qui, avec Lucia la judoka, Vinicius le sprinter ou Luciano l'haltérophile, va faire briller le Brésil lors des Jeux Paralympiques de Rio de Janeiro, dans un an. 7e au tableau des médailles final des Paralympiques de Londres en 2012, avec 21 titres, le Brésil veut entrer dans le top 5 à Rio, du 7 au 18 septembre 2016. Le défi ne paraît pas impossible : grâce à un soutien financier accru, les athlètes paralympiques brésiliens peuvent désormais se concentrer sur leurs sports et le chemin vers la victoire est bien tracé. Un tel résultat serait bien meilleur en tout cas que celui attendu de la part de l'équipe olympique brésilienne, pour qui le défi sera autrement ardu :
22e à Londres, avec 17 médailles dont trois en or, le Brésil vise au mieux le top 10 à Rio. Avec un objectif de 27 podiums.

Pas de Bolt ou Phelps

« Nous avons une génération de vainqueurs, certains étaient déjà à Londres, d'autres sont arrivés depuis, des champions du monde, des détenteurs de records du monde », s'est félicité auprès de l'AFP le président du comité paralympique brésilien (CPB), Andrew Parsons. Parmi eux, Daniel Dias, le meilleur nageur paralympique brésilien. A 28 ans, il a déjà décroché 15 médailles paralympiques, dont 10 en or, et il détient plusieurs records. A Londres, il était monté sur la plus haute marche du podium lors des six épreuves qu'il avait courues. « Le sport a changé ma vie, ma façon de vivre et d'accepter mon handicap, j'ai compris que nous avons tous des limites, et qu'elles ne sont pas physiques », a expliqué Daniel Dias. Victime de malformations congénitales, il a pourtant déjà décroché deux Prix Laureus, ces Oscars du sport, en 2009 et 2013. Le monde paralympique est plus égalitaire, « sans ces super-stars comme Usain Bolt ou Michael Phelps », ce qui permet aux Brésiliens de se faire remarquer, plaide Michel Castellar, auteur du blog « Rio Olympique » pour le journal carioca Extra.

22 médailles en 2000, 43 en 2012

Désigné comme hôte des Jeux en 2009, le Brésil ne compte toujours pas de centre d'entraînement pour les athlètes de haut niveau. Celui-ci n'arrivera qu'après les JO, en héritage. Le CPB, lui aussi en train de construire son propre centre d'entraînement, entend cependant capitaliser dès à présent sur l'autonomie dont il dispose en matière d'investissements, en athlétisme et en natation notamment. Car les fonds disponibles ont considérablement augmenté depuis une nouvelle loi de 2001 qui accorde désormais 2% (et 2,7% à partir de 2016) des recettes des jeux et loteries aux comités olympiques et paralympiques. Avec cette loi, le Brésil sportif a tiré le gros lot. Avant elle, lors des Paralympiques de Sydney en 2000, la sélection auriverde avait terminé 24e, avec 22 médailles, dont 6 en or. Quatre ans plus tard, à Athènes, c'était une 14e place pour 33 médailles (14 en or), puis 47 médailles dont 16 en or à Pékin-2008. Et 43 médailles, dont 21 en or à Londres.

« Des athlètes, pas des handicapés »

En 2016, le CPB va disposer d'un budget encore augmenté, d'environ 45 millions de dollars, contre 23 millions de dollars en 2014. Parallèlement, les meilleurs athlètes paralympiques sont désormais aidés par des bourses de l'Etat pour pouvoir se consacrer à 100% à leurs carrières. Une vidéo publiée par les organisateurs des prochains jeux Paralympiques et largement partagée sur les réseaux sociaux montre bien comment le sport peut aider à battre en brèche les stéréotypes de toutes sortes. Vinicius Rodrigues, athlète amputé et grand espoir brésilien sur 100 et 200 mètres, entre dans une salle de gym et monte sur un tapis de course, sous les regards amusés ; puis il commence à courir, il bat le record de la salle, et les regards changent. Idem avec Lucia Teixeira, judoka malvoyante, médaillée d'argent à Londres : personne ne veut s'entraîner avec elle, jusqu'à ce qu'elle prouve ses capacités sur le tatami. Quant à Luciano Dantas, haltérophile atteint de nanisme, médaillé de bronze aux Mondiaux de Toronto, il laisse tout le monde pantois en soulevant 120 kilos sans ciller. Ils sont des exemples de cette génération dorée du sport paralympique brésilien qui espère triompher dans 12 mois, devant son public, et qui ouvre de nouveaux chemins aux futures générations. « Ce ne sont pas des athlètes handicapés, ce sont des athlètes tout court », insiste M. Parsons.

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