Par Sebastian Smith
Les préparatifs pour les Jeux paralympiques de Rio-2016 qui auront lieu en septembre 2016 avancent plutôt bien, à l'exception cependant d'un problème de taille : l'inaccessibilité aux personnes handicapées en fauteuil roulant.
Une tâche énorme
Transformer Rio de Janeiro en une ville accessible aux milliers d'athlètes handicapés et aux spectateurs qui viendront aux Jeux demeure une « énorme tâche » à accomplir, a déclaré à l'AFP Mario Andrada, porte-parole du comité organisateur Rio-2016. Les Paralympiques qui commenceront le 7 septembre 2015, dureront 11 jours auxquels participeront 4 350 athlètes de 178 pays. Ils auront lieu dans la foulée des JO de Rio-2016, du 5 au 21 août. « Nous sommes dans les temps et les objectifs et le budget sont respectés », a assuré M. Andrada. La cérémonie d'ouverture qui se tiendra dans le temple du football brésilien, le Maracana, sera pleine « d'énergie » pour rendre hommage à ces « gens incroyables », a promis lors d'une conférence de presse le célèbre artiste Vik Muniz, l'un des directeurs du spectacle.
Pas de moyen de transport adapté
Mais le plus grand problème des organisateurs est qu'athlètes et spectateurs invalides puissent parvenir jusqu'aux installations. De nombreux trottoirs de Rio sont troués, ce qui complique le passage des fauteuils roulants, et l'absence de rampe d'accès oblige les personnes handicapées à demander de l'aide. L'accès aux moyens de transports publics est irrégulier tandis qu'il n'y a toujours pas de moyen de transport collectif pour les trajets de porte à porte des athlètes handicapés. Le plus grand véhicule spécialisé qui opère aujourd'hui dans la ville a une capacité de huit fauteuils roulants, alors que rien que « la délégation hollandaise vient avec 150 personnes en fauteuil », a souligné Andrada. « Et seulement pour recevoir et loger ces athlètes, il va falloir faire un effort », a-t-il ajouté.
Une course d'obstacles ?
Les associations de défense de personnes handicapées n'ont pas de nouvelles encourageantes à donner à la foule de visiteurs qui devraient envahir la ville pittoresque et vibrante mais parfois chaotique. « Je crois que Rio n'a amélioré en rien sa façon de traiter ces personnes », déplore Teresa Costa d'Amaral, de l'Institut brésilien de personnes handicapées. « Il y a seulement eu quelques petites améliorations dans certains quartiers », ajoute-t-elle. Les principaux problèmes, selon elle, sont le manque de rampes d'accès ou leur hauteur, souvent pas au niveau des fauteuils. Un autre obstacle est « qu'il y a une rampe d'accès d'un côté de la rue mais pas de l'autre ». Sonia Rubano, qui vit à Rio avec sa fille handicapée de huit ans, estime que les « rampes d'accès sont difficiles et les trottoirs, pas assez larges ». Mais elle se plaint surtout du fait que les Brésiliens considèrent ces personnes porteuses d'un handicap comme des citoyens de seconde zone. « Les gens ne les respectent pas », dit-elle.
Accessibilité : question principale ?
Andrada, toutefois, mise sur le fait que les Jeux paralympiques feront avancer les choses. Comme elle l'a promis lors de sa candidature, la ville de Rio est en train de construire 60 kilomètres de trottoirs accessibles aux fauteuils. « Même s'il faut savoir que ce ne sont pas ces 60 kilomètres qui feront de Rio une ville accessible », a souligné le porte-parole du comité organisateur des jeux. « Une partie de notre travail consiste à faire prendre conscience aux gens du problème pour qu'ils fassent pression sur le gouvernement pour qu'il investisse dans ce domaine ; c'est ça le but », a-t-il ajouté. Un autre membre de l'équipe qui travaille à la cérémonie d'ouverture est l'écrivain Marcelo Rubens Paiva, qui porte un intérêt particulier à cette cause : il est prisonnier d'un fauteuil roulant depuis plus de 35 ans, après un mauvais plongeon qui l'a rendu paraplégique. « L'accessibilité est un thème dont nous parlerons lors de la cérémonie d'ouverture », a-t-il confié à l'AFP. « C'est la question principale ».