Trente jours, 11 000 km, sept pays, 500 000 photos... La 19e édition du Raid photo Paris Cap Nord promet d'être spectaculaire. Une centaine de passionnés de photo s'apprêtent à vivre l'« aventure de leur vie » en ralliant le château de Vincennes, près de Paris, au Cap Nord, en Norvège. Cette ultime étape, une falaise de 307 mètres de haut, a de quoi donner le vertige au plus expérimenté des « raideurs » ! L'expérience ? Ce n'est pas l'atout majeur d'Antony. Sa détermination sans faille, oui ! Il a longtemps rêvé de photographier la côte norvégienne sous le soleil de minuit... Mais sa maladie a compromis ses plans. Entre les douleurs articulaires chroniques et les poussées... Vivre avec une spondylarthrite ankylosante n'est pas de tout repos. Pourtant, à 52 ans, il a décidé d'envoyer valser ses symptômes et de se lancer dans cette aventure sensationnelle, du 23 juillet au 23 août 2019. Son credo : « Ne plus être spectateur de ses rêves mais acteur de sa vie ».
Odyssée solidaire
Le point de départ de cette expédition septentrionale ? « Une envie de vivre malgré la maladie ». Pour y parvenir, Anthony devait relever une montagne de défis, à commencer par trouver un co-pilote. « J'ai demandé à Bernard, le président de l'association Raids Photos, dans laquelle je travaille, s'il voulait partir avec moi. Il a répondu 'oui' sans même chercher à comprendre où, quand, ni combien de temps », se souvient-il. Qui dit pilote, dit véhicule... Après plusieurs recherches, ils trouvent la perle rare : un Combi T3 de 1986. Quelques révisions et aménagements plus tard, le bolide est fin prêt. Déjà une bonne chose de faite ! Mais le plus dur reste à venir... Comment financer ce voyage ? Les deux explorateurs ont alors une idée insolite : inscrire 600 prénoms sur leur van. « Pour chaque prénom inscrit, et à chaque 20 euros donnés, 2 euros sont reversés à 'La Fabrique créative de santé', explique Anthony. Cette association accompagne les malades, comme moi, atteints de douleurs invalidantes liées à des pathologies telles que le syndrome de Maigne, la fibromyalgie, l'épilepsie, etc. » Le reste sert à financer le matériel nécessaire pour cette traversée scandinave.
En quête du cliché parfait
Un an plus tard, 400 prénoms figurent sur le van et 600 euros ont été reversés à l'association. « C'est moins que prévu mai c'est déjà énorme ! positive Anthony. Ces fonds contribueront à prendre en charge les patients et leurs aidants dans les meilleures conditions possibles en offrant des ateliers, de la formation, de l'écoute et, élément essentiel, en permettant aux patients de rester digne face à la maladie. » Plus que des inscriptions, « ces prénoms et les personnes qu'ils représentent seront bel et bien le moteur et l'énergie de notre voyage », ajoute celui que l'on surnomme « le roi du combi ». De l'énergie, il en faudra à revendre pour réaliser les sept photo treks qui les attendent. Des fjords de Norvège aux 180 000 lacs de Finlande, en passant par les Alpes de Suède et les côtes du Danemark... Les participants devront constamment ouvrir l'œil, à la recherche DU cliché qui fera la différence. Ce voyage photographique est une épreuve de longue haleine avec des règles à respecter. Pour apparaître dans le « classement final », les « raideurs » devront respecter l'itinéraire suggéré dans le road-book (guide routier), présenter vingt photos tous les cinq jours, à un jury composé de photographes et de journalistes, et réaliser un reportage écrit. Les plus belles images seront publiées dans les magazines partenaires de l'évènement tels que le National Geographic Nordic Editions.
La photo, meilleure des thérapies
Découverte, curiosité, respect et ouverture sont les maitre-mots de ce challenge hors-norme qui mènera Anthony sur des îles isolées, dans des réserves naturelles peuplées de rennes et près de falaises escarpées. Les internautes pourront admirer ses escapades sur son blog et ses réseaux sociaux et le suivre à la trace grâce à une « travel map », une carte en ligne (en lien ci-dessous). A son retour, il organisera, avec son coéquipier, une exposition photo itinérante pour retracer leur périple, à leur image... « Cette expo pourra être installée dans une ville, une entreprise, une association, une université, des hôpitaux, des cliniques... », précise-t-il. Il envisage également d'organiser une conférence pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à sortir de sa zone de confort. Pour Anthony, la photo est « la meilleure des thérapies ». « C'est un remède contre la douleur et la maladie. Elle me permet d'oublier, m'autorise à réaliser certains de mes rêves et me donne la force de continuer à avancer en me disant toujours que le plus beau cliché est celui que je n'ai pas encore pris », confie le globe-trotter. La veille du grand départ, le stress est à son comble... Mais Anthony ne perd pas son objectif de vue : « Prouver que, dans la vie, quand on a un but tout devient possible ».