Grippée et clouée au lit depuis plusieurs jours, Elsa, une étudiante de 15 ans, n'a d'autre choix que d'attendre que son traitement fasse effet avant de retrouver le chemin du lycée. Pourtant, contrairement à des milliers d'élèves chaque année, elle n'aura pas à faire face à un spectre fort redouté par les adolescents, rattraper ses cours ! Son lycée lyonnais, comme deux autres établissements rhônalpins situés à Saint-Etienne (Loire) et à Bourg-en-Bresse (Ain), a en effet été sélectionné début 2014 pour participer à une expérimentation unique en Europe : accueillir un « robot lycéen » venant suppléer l'élève malade et absent. Cette technologie peut, par ailleurs, être une solution « complémentaire aux dispositifs existants » pour les enfants porteurs d'un handicap lourd, indique la Région.
Interagir avec la classe
Adossée contre deux coussins, son ordinateur sur les genoux, Elsa écoute le cours comme si elle y était. Au même moment, au lycée, son avatar est placé à côté de Justine, sa voisine de table habituelle. Le robot QB, connecté en wifi, transmet à l'élève malade le son et l'image captés. Sur un petit écran placé en haut du robot, le visage d'Elsa est visible et la personnification de l'androïde renforcée. La jeune fille peut même intervenir et interroger le professeur. Elle est en classe… sans y être. « C'est comme si c'était vraiment Elsa, déclare un camarade de classe. On sait que c'est elle qui est derrière. » Alors que la phase de test du programme n'aura lieu que jusqu'en fin d'année scolaire 2015-2016, les premiers retours sont déjà concluants. Mais le robot pourrait être amélioré – ajout de bras ? – d'ici-là.
Une « robolution » favorable au handicap ?
Un projet similaire avait déjà été mis en place en mai 2015, lorsque l'entreprise Awabot, également initiatrice du « robot lycéen », avait télétransporté des enfants hospitalisés au musée d'Art moderne de Lyon et à celui d'Histoire naturelle d'Autun (article ci-dessous). Et, à en croire le fondateur de la société, Bruno Bonnell, les applications en termes de robotique n'en sont qu'aux prémices : « Cette initiative du robot lycéen démontre que la "robolution" est en marche. Donner la possibilité à une personne de se téléporter grâce à un robot de téléprésence est un exemple unique des nouvelles applications et des nouveaux marchés apportés par la robotique ». Avec un coût total de 490 000 euros – entièrement financé par la région Rhône-Alpes –, le projet « témoigne d'une volonté de contribuer à l'invention des usages numériques que les Rhônalpins utiliseront demain au quotidien », insiste Jean-Jack Queyranne, président de la Région. De quoi ouvrir des perspectives nouvelles au bénéfice, notamment, des personnes en situation de handicap.
© Franck Trabouillet