DERNIERE MINUTE DU 3 MARS 2022
Revirement en moins de 24h. Suite à la décision du 2 mars 2022 de permettre aux athlètes russes et biélorusses de concourir mais sous bannière neutre, une vague de protestation s'est élevée parmi les délégations paralympiques présentes à Pékin. Certaines menacent désormais de ne pas concourir, compromettant la viabilité des Jeux paralympiques d'hiver 2022. « La situation dans les villages des athlètes s'aggrave, et assurer leur sécurité est devenu intenable », s'alarme le Comité international paralympique dans un communiqué. Lors d'une conférence de presse à Pékin, un journaliste a brandi la photo d'Yevhen Malyshev, 20 ans, un ancien biathlète ukrainien mort au combat, suscitant une vague d'émotion. C'est pourquoi, après une réunion d'urgence, il a décidé de refuser l'inscription des athlètes de ces deux pays, soit 83 au total. « Nous croyons fermement que le sport et la politique ne doivent pas se mélanger. Mais, dans les coulisses, de nombreux gouvernements ont une influence sur notre événement », a déploré Andrew Parsons, président du CIP.
ARTICLE INITIAL DU 2 MARS 2022
Après une vague de sanctions dans le milieu sportif, le Comité international paralympique (CIP) a, à son tour, tranché. A deux jours de l'ouverture des Jeux paralympiques d'hiver de Pékin (du 4 au 13 mars 2022), en réponse à l'invasion de l'Ukraine, il a décidé le 2 mars d'infliger à deux nations, la Russie et la Biélorussie, les « peines les plus sévères possibles » en son pouvoir. Il dénonce la « violation de la trêve olympique », inscrite dans la résolution de l'ONU dans la semaine précédant l'ouverture des Jeux, ne pouvant « rester impunie ».
Sous bannière neutre
Pour ne pas pénaliser les athlètes, ils seront autorisés à concourir mais sous le drapeau paralympique et ne seront pas inclus dans le tableau des médailles. En cas de victoire, c'est l'hymne paralympique qui sera joué. Les deux délégations auront l'obligation de couvrir le symbole de leur pays sur leur uniforme et ne pourront pas brandir leur drapeau. Ce n'est pas une première pour les athlètes russes après l'éviction de leur pays pour un autre motif, le dopage d'Etat. Aucun n'avait participé aux Paralympiques de Rio en 2016. Le CIP avait toutefois permis à trente d'entre eux de s'engager à Pyeongchang en 2018 (Corée du Sud) sous un drapeau neutre et dans une tenue totalement blanche (article en lien ci-dessous).
Poutine privé de distinction
« Une telle neutralité est fermement ancrée dans la conviction sincère que le sport détient le pouvoir de transformation pour surmonter nos lacunes et faire venir en nous le meilleur de notre humanité, en particulier dans les moments les plus sombres », a déclaré Andrew Parsons, président du CIP. Il fait, par ailleurs, savoir que son comité « n'organisera aucun événement » dans ces deux pays « jusqu'à nouvel ordre », recommandant à toutes les fédérations internationales de parasport de « suivre la même approche ». Une Assemblée générale extraordinaire du CIP doit se tenir en décembre 2022 pour envisager la suspension ou la résiliation des comités des deux pays. Enfin, la distinction paralympique décernée à Vladimir Poutine lui a été retirée, tout comme les Ordres paralympiques (la plus haute au sein du mouvement) à certains dignitaires du sport, comme Dmitry Chernyshenko, qui fut président du comité d'organisation de Sotchi 2014, aujourd'hui vice-Premier ministre de la Fédération de Russie.
Les Ukrainiens au complet
A 48 heures de la cérémonie d'ouverture, Jitske Visser, président du Conseil des athlètes s'est dit « déçu qu'on ne parle pas de sport mais de politique mondiale ». Le CIP s'est félicité que la délégation ukrainienne au complet ait pu « arriver en toute sécurité à Pékin plus tôt dans la journée ». Une trentaine d'athlètes ukrainiens issus de disciplines olympiques d'hiver et d'été avaient cosigné le 1er mars une lettre ouverte demandant de « suspendre immédiatement les comités olympiques et paralympiques russes et biélorusses ».