Lieu d'entraide destiné à la réinsertion sociale et professionnelle de personnes porteuses de troubles psychiques, l'association Clubhouse France présente les résultats de son premier baromètre « Santé mentale et emploi : impacts et réalités en entreprise », lancé en janvier 2017 en partenariat avec l'institut Randstad et réalisé par l'institut Chrysippe, spécialisé dans la recherche en sciences sociales.
Sensibiliser les entreprises
Selon un communiqué de l'association, publié mi-octobre, cette étude vise à « faciliter la prise en compte de ce sujet dans les entreprises ». Les répondants ont été interrogés sur leur expérience des troubles psychiques et sur les représentations de ces troubles au travail. « Ces premiers résultats vont permettre de sensibiliser les entreprises et d'entamer une réflexion sur une meilleure prévention et un meilleur accompagnement des problèmes de santé mentale des collaborateurs », souligne le communiqué.
Peur de communiquer
L'étude a donc permis de dégager plusieurs constats. Il ressort notamment que seulement 40% des répondants pensent que leur entreprise prend en compte la santé mentale des collaborateurs. 80% estiment par ailleurs que les problèmes de santé mentale doivent être gérés par l'entreprise et une très large majorité (90%) des répondants considèrent qu'une personne qui souffre de troubles psychiques a sa place dans le monde du travail. En revanche, « 70% des personnes interrogées auraient peur d'en informer leur entreprise si elles étaient amenées à faire face personnellement à un problème de santé mentale », souligne l'association, tandis que six sur dix pensent que leur entreprise ne prend pas en compte la santé mentale des collaborateurs.
Besoin de plus d'accompagnement
Face à ce constat alarmant, se pose la question des pratiques managériales à mettre en œuvre. Si le baromètre révèle que 70% des répondants pensent que la prise en compte par l'entreprise a eu un impact positif pour le collaborateur et pour l'environnement professionnel des personnes concernées, seule une personne sur trois estime que la situation a été prise en compte par l'entreprise. Par ailleurs, près de 60% des managers qui ont été confrontés à la difficulté psychique d'un salarié considèrent qu'il n'a pas été accompagné. « Quand il y a eu du soutien, cela s'est fait le plus souvent par le biais d'un suivi individualisé », précise le communiqué.
Vers de nouvelles formes de management ?
Ces données amènent aujourd'hui Clubhouse France à s'interroger sur l'avenir des pratiques de prise en charge des troubles psychiques dans l'entreprise. L'association évoque à ce sujet un « contexte professionnel en pleine mutation » en affirmant que les employeurs sont désormais « confrontés à la nécessité de prendre en compte les enjeux liés à la santé mentale des salariés ». Et s'interroge : « Dans notre contexte d'hyper-compétitivité mondialisée, ne faudrait-il pas faire bouger les postures managériales pour mieux accompagner la fragilité ? »
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