Bientôt un plan national pour la psychiatrie ? A l'heure où la colère agite les esprits parce que la santé mentale est menacée de naufrage (article en lien ci-dessous), c'est ce que revendique l'Académie nationale de médecine. Elle juge « indispensable » « une mobilisation nationale et internationale » comme « celle qui fut engagée il y a quelques années contre le cancer ». Faut-il rappeler qu'une personne sur cinq sera confrontée à un trouble psychique au cours de sa vie ? Nombreux et pourtant « invisibles ». Face à ce fléau, de nouvelles ambitions émergent qui exigent des moyens et une révolution des consciences… « Pour la psychiatrie du XXIème siècle, l'objectif n'est plus de prendre en charge et d'accompagner les malades mais de guérir les maladies mentales », explique l'Académie dans un communiqué rendu public le 27 juin 2019. « Les données de l'épidémiologie, le poids et le coût des maladies mentales rendent indispensable une évolution radicale des investissements en recherche et dans l'organisation graduée de l'offre de soins », affirme-t-elle.
Un lourd tribut à la stigmatisation
Et de rappeler que « progrès considérables ont été accomplis durant les 50 dernières années ». L'identification des désordres neurobiologiques sous-jacents à ces maladies, la mise en évidence du poids de l'environnement dans leur déclenchement annoncent des avancées majeures en matière de recherche et surtout de traitement. Or, parce que la maladie mentale reste marquée, dans notre imaginaire collectif, par « l'étrangeté et l'idée du handicap », « trop nombreux sont ceux qui paient un lourd tribut à la stigmatisation et au renoncement thérapeutique », poursuit-elle. Face à cette vaste ambition, l'Académie réfute toute « action ponctuelle » et réclame une « vaste concertation » afin de proposer aux pouvoirs publics une stratégie d'ensemble, allant de la recherche aux soins et à l'insertion sociale.
Un institut dédié
Pour mettre en œuvre ce plan, sensibiliser la société à la réalité des maladies mentales et assurer la diffusion de bonnes pratiques, elle suggère la création d'un « Institut national pour la santé mentale et la psychiatrie », une structure « visible » qui lui serait ainsi entièrement dédiée, à l'image de l'InCa pour le cancer. Mais « la réussite d'un tel institut suppose une adhésion de la communauté psychiatrique », ajoute le communiqué. Impliquant tous les acteurs (système de soins, départements, régions, services de l'Etat, associations...), l'Institut pourrait piloter « la mise en place des ordonnances de vie permettant aux malades les plus touchés d'avoir accès à un traitement personnalisé ainsi qu'à une prise en charge sociale susceptibles de favoriser l'indispensable insertion dans la vie collective ».
D'autres priorités…
L'Académie définit d'autres priorités majeures. Tout d'abord ériger l'éducation de la population et des professionnels sociaux et sanitaires aux signes des maladies mentales. Elle réclame ensuite la mise en place d'un dispositif de première écoute et d'orientation s'appuyant sur un réseau renforcé de Maisons des adolescents. Enfin, elle réaffirme le « rôle sentinelle » du médecin généraliste pour la détection des maladies mentales afin que les patients puissent être orientés vers une offre de soins graduée, allant du soutien psychologique à la prise en charge des cas les plus complexes.