« 80 % des handicaps sont invisibles, rendons visibles les compétences ». Un slogan accrocheur pour mettre en lumière le thème central de cette 23e édition de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées. Du 18 au 24 novembre 2019, la SEEPH fera également un focus sur l'apprentissage ainsi que sur les femmes en situation de handicap pour poursuivre les réflexions engagées en 2018 et apporter des réponses concrètes à cette « double discrimination » (articles en lien ci-dessous). Conférences, forums en ligne, ateliers, expo... 500 évènements seront organisés dans toute la France (programme en lien ci-dessous) pour permettre aux personnes handicapées d'accéder ou de retrouver le chemin de l'emploi. Une 23e édition placée, plus que jamais, sous le signe de la rencontre. Une rencontre entre les personnes handicapées et les recruteurs mais aussi avec le grand public, pour changer, ensemble, la perception du handicap. Pour l'occasion, Sophie Cluzel était présente lors du lancement auprès de la presse : une première en 23 ans !
Ambassadrice engagée
Ladapt, l'Agefiph (fonds pour l'emploi des personnes handicapées dans le privé) et le Fiphfp (fonds pour le public) unissent une nouvelle fois leurs forces, visant « l'inclusion dans tous les domaines ». Pour ce faire, il faut encore et toujours « sensibiliser », martèlent-ils. Maladies psychiques, diabète, troubles dys, déficience auditive... Le handicap ne se limite pas aux personnes en fauteuil roulant ! Pour interpeller sur les difficultés rencontrées par les personnes ayant un handicap invisible, Ladapt a choisi Victoria Lahouel comme ambassadrice de cette SEEPH (voir vidéo ci-contre), porte-parole de toutes les personnes concernées qui entend « faire évoluer les mentalités ». Une nouvelle aventure « très excitante » selon la jeune femme, qui souffre d'hypersomnie idiopathique, un trouble neurologique entraînant un sommeil excessif. Un handicap imperceptible mais lourd de conséquence, rarement « pris au sérieux », en entreprise, voire carrément nié.
Des aménagements spécifiques
Dans ce contexte, pas facile de trouver un emploi, qui plus est adapté... Victoria enchaîne les entretiens d'embauche et s'essaye à différents métiers, sans jamais vraiment trouver chaussure à son pied. « Les recherches d'emploi étaient devenues un enfer », confie-t-elle, avant d'évoquer sa dépression. « La difficulté, avec un handicap invisible, c'est qu'on se sent parfois obligé de se justifier », à défaut de passer pour une menteuse. Face au manque de connaissances ou aux préjugés des recruteurs, certains préfèrent le cacher. Une attitude compréhensible mais contre-productive, estime François Descamps-Crosnier, présidente du Comité national du Fiphfp. « Il faut lever leurs réticences à déclarer leur handicap pour pouvoir les accompagner au mieux, les aider à valoriser leurs atouts, leurs compétences... », et leur permettre de bénéficier d'aménagements spécifiques.
Emploi accompagné : à développer !
Après plusieurs tentatives infructueuses, Victoria voit en l'emploi accompagné sa « dernière chance ». Une option gagnante qui lui permet de reprendre confiance en elle « professionnellement et personnellement ». Tout s'enchaîne très vite : deux semaines après avoir sollicité ce dispositif, elle est mise en relation avec un recruteur. Après deux CDD, elle est désormais en CDI et se réjouit de pouvoir « commencer à vivre maintenant », à l'âge de 27 ans. « Il faut favoriser et généraliser l'emploi accompagné ! » s'enthousiasme-t-elle. Sa particularité ? Un suivi personnalisé qui permet, graduellement, aux travailleurs handicapés d'obtenir un emploi en milieu ordinaire. En 2019, 2 000 personnes bénéficient de ce dispositif. « C'est insuffisant, admet Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, mais les entreprises sont très demandeuses et nous développons actuellement des expertises, notamment la formation des accompagnants. » Malgré tout, « les choses bougent comme elles n'ont jamais bougé ! », estime Emmanuel Constans, président de Ladapt.
Chômage en légère baisse
En 2019, 517 000 personnes handicapées sont au chômage. « Ce n'est pas bon ! », réagit Sophie Cluzel. Un taux en légère baisse par rapport à 2018 (-1,1 %) mais toujours deux fois plus important (18 %) et plus long que celui des valides (846 jours en moyenne). Pour changer la donne, le gouvernement mise notamment sur un guichet unique du service public de l'emploi. Pour trouver du travail, « les personnes doivent pousser la porte de Pôle Emploi, Cap emploi, des missions locales, des CRP... », constate la secrétaire d'Etat, qui souhaite en finir avec les politiques en silos. Un contexte qui, selon elle, peut être dissuasif, lui préférant une « porte d'entrée commune à tous ». A ce titre, 15 sites Pôle Emploi sont en expérimentation et une plateforme en développement.
Apprentissage : voie royale vers l'emploi
« Véritable tremplin », « voie royale » vers l'emploi... « L'apprentissage est l'un de nos fers de lance », affirme Sophie Cluzel. Tous les acteurs présents sont unanimes : accompagner les jeunes vers l'emploi est un « véritable enjeu sociétal ». Or, seuls 4 000 d'entre eux bénéficient de ce type de contrat, soit 1,3 % sur 305 000 entrées. En mai 2019, Sophie Cluzel, disait vouloir relever ce taux à 6 %, identique au quota minimum fixé en termes d'emploi (article en lien ci-dessous). Pour ce faire, après avoir instauré des référents handicaps dans chacun des 965 CFA de France (centres de formation des apprentis), elle dit vouloir « partir des territoires ». « C'est tout l'enjeu du dispositif SARAH (Service d'appui régional à l'apprentissage des jeunes handicapés), ajoute-t-elle. Nous avons une palette de ressources. Il faut désormais mettre en place cet écosystème et accompagner les personnes ainsi que le collectif de travail. » Face à ce constat, elle sillonnera le territoire durant la SEEPH afin d'aller à leur rencontre. En parallèle, le 18 novembre 2019, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, et Sophie Cluzel officialiseront la nouvelle feuille de route sur l'emploi. Cette dernière se rendra ensuite au Parlement européen de Strasbourg pour tirer profit des expériences des pays voisins et partager les bonnes pratiques françaises, et notamment la SEEPH, qui fait figure d'exemple sur le Continent. D'ici-là, un seul mot d'ordre : « On se mobilise ! »