En Marche (LREM) est le seul parti à avoir rejeté la proposition de loi en faveur les aidants, pourtant votée à l'unanimité au Sénat, s'indigne le collectif Je t'aide dans une tribune rendue publique le 16 novembre 2018.
Le contexte…
Le jeudi 25 octobre 2018, le Sénat a adopté à l'unanimité la proposition de loi visant à favoriser la reconnaissance des proches aidants, présentée par Jocelyne Guidez, sénatrice de l'Essonne, « signe flagrant que la question des aidants rassemble au-delà des bords politiques », selon le collectif. Un vote jugé « pas anecdotique » et qui « ne devrait pas s'analyser sous l'angle politique », le vote de mesures en faveur des aidants étant d'abord une « question citoyenne, de solidarité, de fraternité ». Or ce vote unanime a été obtenu avec l'abstention du groupe LREM.
11 millions de Français
11 millions de proches attendent et appellent pourtant de leurs vœux une loi pour leur ouvrir un minimum de droits et de reconnaissance. « Comment, dans ce cas, expliquer cette réticence à légiférer », s'interroge le collectif, et que leur voix « reste lettre morte, alors que leur travail bénévole est la clé de voûte de la perte d'autonomie, alors que, sans eux, le système de santé ne tiendrait pas debout ? Comment justifier les rejets successifs par le gouvernement de ces propositions de loi qui visent à les soutenir enfin ? ».
Grande concertation en cours
Christelle Dubos, secrétaire d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé -qui elle-même exprimait son soutien aux propositions phares du texte de Mme Guidez-, justifie ce refus par le fait qu'une grande concertation nationale « Grand âge et autonomie » a été lancée le 1er octobre 2018. Elle doit aboutir à un projet de loi fin 2019, qui apportera une « vision globale et des mesures pour les aidants en cohérence avec les mesures pour les aidés ». Ajoutant : « C'est pourquoi, malgré la qualité de votre travail, le gouvernement ne peut pas soutenir cette proposition de loi. » L'argument n'a pas suffi à calmer la colère du collectif au motif que, depuis 2010 au moins, les innombrables commissions, concertations et rapports parviennent tous aux mêmes conclusions, qui trouvaient une réponse dans cette proposition de loi.
Des droits légitimes
A savoir, en trois articles : une négociation de branche pour concilier les obligations personnelles et professionnelles des salariés proches aidants, l'indemnisation du congé de proche aidant et l'ouverture du dispositif de majoration de durée d'assurance aujourd'hui réservé aux aidants de personnes handicapées aux proches aidants. Si le gouvernement assure partager ces « préoccupations » sur le principe, il repousse néanmoins leur mise en œuvre. Or « l'agenda du gouvernement n'est pas celui des sénateurs », rappelle le collectif, qui questionne « Il faudrait attendre ? » alors que toutes les parties se disent en phase. Il conclut : « Légiférons maintenant, et complétons ensuite. Il y a urgence pour les aidants. », et encourage les « députés de la LREM à faire appel à leur devoir civique autant qu'à leur cœur ». Cette proposition doit passer en commission des affaires sociales de l'Assemblée le 28 novembre 2018, puis en séance publique le jeudi 6 décembre. Les députés du groupe LREM ont à leur tour annoncé qu'ils ne soutiendraient pas ce texte.