Skier avec un handicap : les conseils de Nico, moniteur!

Skier avec un handicap, des sensations à partager... Mais quelle option, quel matériel, quel coût ? Tour de piste avec Nicolas Favre, moniteur expert handiski au sein de l'Ecole de ski français de Morzine-Avoriaz (Haute-Savoie).

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Handicap.fr : Quel matériel les personnes en situation de handicap, par exemple moteur, peuvent-elles utiliser pour profiter des joies de la glisse ?
Nicolas Favre : On trouve une large gamme de modèles de fauteuils adaptés. Tout d'abord pour ceux qui souhaitent faire une balade en étant piloté par un moniteur, il y a le « dual piloté » ou le « tandem ». Mais il existe également des options qui permettent de skier en autonomie, comme le « dualski » (fauteuil fixé sur deux skis) ou sa version « uniski » (sur un seul ski), qui est plus maniable et permet de tourner plus rapidement. Un autre modèle, le « kart ski » est destiné aux personnes tétraplégiques incomplètes ou ayant peu de force dans le haut du corps. Attaché à une corde à l'arrière du fauteuil, le moniteur le retient pour éviter que le siège ne prenne trop de vitesse, mais c'est bel est bien la personne qui guide. Pour ces trois derniers modèles, l'enjeu est de choisir la bonne coque en fonction de la morphologie de la personne, calquée sur la taille de ses hanches. Nous avons six ou sept tailles différentes en stock. Pour apprendre à les piloter, les moniteurs prennent part à une formation d'une semaine pour chaque modèle.

H.fr : Cette alternative peut également concerner d'autres types de handicap, par exemple mental, voire des personnes valides qui ne sont pas forcément à l'aise sur des skis...
NF : Tout à fait, nous avons d'ailleurs eu plusieurs demandes qui nous ont conduits à créer le produit « taxi ski » ou « promenade ski », une dénomination que nous avons préférée à « handiski » afin d'inclure tous les publics. Les personnes âgées, notamment, peuvent s'installer confortablement dans un fauteuil et se laisser guider par les moniteurs afin de suivre leurs petits-enfants sur les pistes. Pour les personnes avec un handicap mental, nous privilégions bien sûr le ski debout dès que c'est possible.

H.fr : Quelles sont les caractéristiques majeures des skis sur lesquels sont fixés ces sièges adaptés ?
NF : Ils doivent être très résistants afin de supporter le poids du fauteuil. C'est un investissement supplémentaire. Yohann Taberlet, champion de ski paraplégique, originaire de Morzine-Avoriaz, a eu la gentillesse de nous en offrir mais il faut, sinon, faire appel à la générosité des clubs pour récupérer des vieilles paires dont ils n'ont plus l'utilité !

H.fr : Combien coûtent les cours de handiski ?
NF : Contrairement aux idées reçues, c'est le même prix que n'importe quelle leçon, avec un coût de huit euros pour la location du matériel adapté afin d'amortir le prix des fauteuils, qui appartiennent à l'ESF (Ecole de ski français). En revanche, les leçons durent au minimum deux heures.

H.fr : Y a-t-il des réductions sur les forfaits de remontées mécaniques pour les skieurs en situation de handicap ?
NF : Cela dépend des stations mais ce qui est le plus souvent en vigueur c'est la gratuité du forfait pour l'accompagnant.

H.fr : Comment s'y prendre pour réserver des virées de handiski ?
NF : Sur notre domaine, les « Portes du soleil », les personnes intéressées doivent réserver avant le mois d'août (pour les périodes de vacances scolaires) mais il est conseillé de s'y prendre très à l'avance car le planning affiche rapidement complet. Après une semaine à la montagne, la plupart de mes clients bloquent aussitôt leurs dates pour l'hiver suivant. Face à cet afflux de demandes, j'essaie de former des jeunes au handiski mais il est parfois difficile de les passionner sur ce sujet.

H.fr : Pour quelle raison ? Vous sentez que le handicap peut encore faire « peur » ?
NF : Tout d'abord pour des raisons financières car, avec notre clientèle en situation de handicap, on prend plus de temps. Ensuite, même si cela a énormément évolué au fil des ans, le handicap reste encore la cible de préjugés. Il y a une vingtaine d'années, on ne parlait pas des personnes handicapées, on ne les voyait pas, elles étaient cachées. J'avais moi-même, je l'avoue, certaines appréhensions à mes débuts. Mais, depuis, une quinzaine d'années, le handiski est en plein essor, et c'est tant mieux !

H.fr : Quel type de public recevez-vous principalement ?
NF : Plutôt des jeunes, souvent paralysés à la suite d'un accident, qui veulent retrouver des sensations fortes. Les personnes qui font du ski en autonomie sont généralement assez sportives de base. En fauteuil, les bras prennent cher ! Ils jouent le rôle des jambes et peuvent être tétanisés après seulement deux descentes. Pour ce qui est du public guidé par un moniteur, ce sont principalement des enfants.

H.fr : Quelles sont les qualités pour être un bon moniteur de handiski ?
NF : La première chose que j'apprends aux futurs moniteurs, c'est avant tout de faire plaisir aux personnes qu'ils guident. La deuxième chose à savoir est qu'un moniteur ne peut pas piloter au-delà de 70 % de sa capacité physique maximale ; nous n'avons pas le droit à l'erreur. Pas question de frimer et d'aller le plus vite possible. Alors, notre credo, c'est écoute et prudence !

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