Souffleurs d'images: quand la culture se murmure à l'oreille

Une femme qui souffle ce qu'elle voit à l'oreille d'une autre, malvoyante. Grâce à l'association Souffleurs de sens, des duos comme celui de Justine et Aliénor redonnent une place aux publics empêchés dans les lieux culturels.

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Justine se penche, de sa voix douce, près de l'oreille d'Aliénor et tente de décrire ce qui se dresse devant elle : une statue de centaure noir de jais, haute de plusieurs mètres de haut. Justine est ce qu'on appelle une souffleuse d'images. Elle est, en résumé, les « yeux » d'Aliénor, malvoyante. Un matin de juillet, les deux jeunes femmes, férues de culture, déambulent bras dessus, bras dessous, dans les allées du musée Antoine Bourdelle, qui recèle de sculptures, à Paris. Deux heures avant l'ouverture au grand public, Aliénor et Justine bénéficient pour elles seules des grandes salles vides du musée. 

300 structures partenaires

Régulièrement, ce lieu culturel, comme d'autres à Paris et ailleurs, accueille des bénévoles « souffleurs de sens », formés par l'association éponyme. Ce dispositif s'adresse aux personnes malvoyantes ou aveugles afin de leur rendre la vie culturelle plus accessible, dans 300 établissements partenaires en métropole et en outre-mer. Ces visiteurs explorent ainsi les sculptures… avec leurs oreilles ou leurs mains. À leurs côtés, une personne voyante leur décrit ce qu'elle voit ou peut lire. 

Une double formation

Les souffleurs, qui ont souvent préalablement une appétence pour les thématiques culturelles, reçoivent une double formation, sur l'art muséal et le spectacle vivant, pour garantir une description précise et sensorielle des œuvres. Leur accompagnement enrichit la visite, permettant aux bénéficiaires de « voir » par l'intermédiaire du toucher, de la parole et parfois du dessin dans la main. 

L'accessibilité au cœur des lieux culturels

« Certes les institutions culturelles multiplient de plus en plus les dispositifs d'accessibilité (audiodescription, audio-guides et médiateurs sensoriels…). Néanmoins, il faut encore aller plus loin et ne pas s'en contenter », précise Emilie Bourgouin, directrice de l'association. « L'amélioration continue du fonctionnement de ces outils reste cruciale pour garantir l'inclusion de tous les visiteurs à besoins spécifiques », complète Aliénor, bénéficiaire. 

Un moment riche d'échanges

Cette dernière reste tout de même, à l'issue de cette visite, sur une note positive. Selon elle, « chacune de ces expériences devient un moment d'échange mutuel ». Cette relation humaine intense encourage à plus d'empathie et d'attention, incitant à « écouter pour mieux voir » et repenser ensemble l'accès à la culture.

© Clotilde Costil

Justine et Aliénor se parlent devant une sculpture.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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