Handicap.fr : Le 17 février ont eu lieu à Paris les premiers « Débats du Sport Solidaire » à l'initiative de la Fondation FDJ. De quoi s'agit-il ?
Charles Lantieri : Parce que nous avons la conviction que le sport procure de précieux bénéfices à la fois à celui qui le pratique et à l'ensemble de la société, nous avons voulu, avec le think-tank Sport & Citoyenneté, acteur reconnu du débat sur les problématiques d'intégration sociale par le sport, lancer ces débats afin d'identifier les bonnes pratiques et d'assurer leur diffusion.
H.fr : Pourquoi avoir choisi de les initier autour du thème : « La pratique sportive des personnes en situation de handicap : quels enjeux, quelles perspectives ? » ?
CL : Parce que le handicap est un engagement important de FDJ, qui renvoie à ses origines historiques. En 1933, la Loterie Nationale a été créée pour venir en aide aux Gueules Cassées de la Grande Guerre, ces soldats défigurés qui se retrouvaient dans une extrême misère sociale.
H.fr : « Engagement important », qu'est-ce que cela signifie ?
CL : 25 % du budget de la Fondation FDJ est consacré au handicap, ce qui permet de financer de nombreuses actions. Mais cette implication, nous la retrouvons également dans le taux d'emploi de travailleurs handicapés au sein de notre entreprise puisque la Française des Jeux atteint, depuis deux ans, 6,5 %.
H.fr : Quelles sont vos actions en faveur de la pratique sportive des personnes handicapées ?
CL : Elles sont nombreuses. Par exemple, l'opération « Tous en forme ! » menée avec le groupe Siel Bleu pour favoriser la pratique sportive adaptée au sein des établissements de la Croix Rouge. Nous soutenons également l'association « Bout de vie » qui tente de redonner confiance en soi aux personnes ayant subi une amputation. Il y a également « Comme les autres », association qui propose des stages de sports extrêmes à des personnes récemment accidentées. Ou encore Cap SAAA qui mène un travail de sensibilisation auprès du grand public en organisant des mises en situation de pratiques handisport comme le ceci-foot ou le basket-fauteuil. Les « valides » se glissent ainsi dans la peau d'une personne handicapée et peuvent se rendre compte à quel point ces sports sont physiques, techniques mais aussi source de plaisir.
H.fr : Et puis, en 2015, la Fondation d'entreprise FDJ se jette à l'eau…
CL : Oui, en devenant « Fondation officielle » du Tour de France à la voile et en engageant, en partenariat avec l'association Des Pieds et Des Mains (DPDM), un équipage handi-valide mené par Damien Seguin, double médaillé paralympique né sans main gauche (article en lien ci-dessous). L'objectif de ce projet est de contribuer à faire changer de regard sur le handicap. Pour ce faire, la Fondation FDJ et l'association DPDM ont proposé, tout au long de l'événement, des animations ludiques sur le handicap et ont aussi offert au grand public, et plus particulièrement aux personnes handicapées, la possibilité d'effectuer des baptêmes de voile sur certaines villes-étapes de l'événement. L'objectif était de montrer que la voile est un sport qui peut être accessible à tous !
H.fr : Forte de ces expériences, la Fondation FDJ a donc voulu aller plus loin à travers ces « Débats du sport solidaire »…
CL : Oui, ils ont réuni, le temps d'une soirée, des experts mais aussi de grands champions comme Arnaud Assoumani, Damien Seguin ou Ryadh Sallem.
H.fr : Cette soirée était aussi l'occasion de révéler les résultats d'une enquête que vous avez menée sur ce thème (article en lien ci-dessous).
CL : En effet, une première en France. L'Etude TNS Sofres pour la Fondation FDJ vise à évaluer le taux de pratique sportive des personnes handicapées.
H.fr : Et quelles sont ses conclusions ?
CL : Que, face au sport, les personnes handicapées ne sont pas différentes du reste de la population. 70 % d'entre elles se disent intéressées et la moitié pratique une activité physique, avec l'objectif de rester en bonne santé et, dans une moindre part (30 %), de lutter contre leur handicap. Elles envisagent également le sport comme un loisir ou un facteur de développement personnel. 25 % des interrogés sont également intéressés par la compétition.
H.fr : En termes d'inclusion, le sport constitue un bon support ?
CL : Oui, c'est évidemment ce qui ressort, surtout pour les personnes avec un handicap mental pour lesquelles le sport peut être un biais précieux pour leur permettre de s'intégrer dans la société.
H.fr : Mais tout n'est pas si rose…
CL : En effet puisque 50 % disent avoir été limités dans leur pratique, à la fois par manque d'accessibilité des locaux et de prise en charge humaine adaptée.
H.fr : J'imagine que l'objectif de cette étude n'est pas seulement de constater. Quelles vont être vos actions ?
CL : L'idée, c'est de faire émerger des recommandations, qui ont été enrichies par le débat du 17 février. Nous avons identifié trois axes prioritaires. Le premier, c'est d'étendre le type d'action menée avec la Croix-Rouge à d'autres établissements médico-sociaux ; la Fondation FDJ va lancer un appel à projets dans ce sens. Le deuxième axe vise à organiser un réseau social sur le thème « sport et handicaps ». Nous allons, pour cela, nous appuyer sur l'application Goaleo, la plateforme sociale du sport, pour développer une communauté dédiée au handicap ; ce sera un outil pour se rencontrer, échanger, obtenir des bonnes adresses ou des conseils. Il devrait voir le jour courant 2016.
H.fr : Votre troisième axe s'adresse aux plus jeunes avec l'objectif de les sensibiliser au handicap?
CL : En effet. Nous soutenons le projet « En route vers Rio » [SC1] [MDC2] en partenariat avec la FFH (Fédération française handisport). La FFH lance ce projet d'éducation pluridisciplinaire en intervenant auprès des plus jeunes, il repose sur 3 valeurs du handisport : entraide et solidarité, vivre ensemble et compréhension de l'autre.
H.fr : Les « Débats du sport solidaire », c'est un vaste programme. Y-aura-t-il d'autres thèmes…
CL : Oui, nous comptons bien renouveler ces débats. Lors de la prochaine édition, le sport et les femmes seront à l'honneur !