La survie des enfants grands prématurés en France s'améliore et le nombre de ceux qui survivent sans séquelles sévères augmente, selon les auteurs d'une étude nationale française présentée le 28 janvier 2015.
Des maternités pour grossesses à haut risque
L'amélioration globale de la prise en charge ces 15 dernières années de 8 500 enfants nés vivants chaque année entre le 5e et le 7e mois de grossesse explique ces progrès. La plupart (80 à 85%) naissent dans des maternités de type 3 pour grossesses à haut risque, dotées de réanimation néonatale, relève Pierre-Yves Ancel, responsable de l'équipe Inserm à l'origine de l'étude dont les premiers résultats sont parus dans la revue spécialisée Jama Pediatrics. De plus, certains traitements (corticoïdes donnés à la mère, "surfactant" pulmonaire pour faciliter la respiration du nouveau-né) sont utilisés plus souvent, avec parallèlement une tendance à être "beaucoup moins agressifs", en particulier dans les techniques de ventilation respiratoire, ajoute le Pr Jean-Christophe Rozé, chef de service de médecine néonatale au CHU de Nantes.
4 000 enfants suivis
L'étude "Epipage 2" a inclus près de 7 000 grands prématurés nés en 2011 (vivants ou mort-nés) dans 25 régions de France. A ce jour, plus de 4 000 enfants sont suivis. Coût : 6 millions d'euros pour les suivre seulement jusqu'à 6 ans. Tout enfant né avant 37 semaines d'aménorrhée (ndlr, depuis les dernières règles) soit au 8e mois de grossesse est considéré comme prématuré. La grande (et la très grande) prématurité se situent schématiquement entre la 22e (5 mois) et la 31e semaine (7 mois). C'est à partir de la 25e semaine que les chercheurs constatent une amélioration significative de la survie des prématurés ces 15 dernières années et par comparaison avec la première étude Epipage.
Quel taux de survie ?
Plus les enfants sont prématurés, plus le taux de survie diminue : la survie est de 94% chez les grands prématurés, né entre la 27e et la 31e semaine, de 60% à 25 semaines et de moins de 1% avant 24 semaines. Le pourcentage d'enfants sortis de néonatalogie sans pathologie grave (complications cérébrales, respiratoires ou digestives) est largement majoritaire (81%) chez les grands prématurés (nés entre 27 et 31 semaines d'aménorrhée). Ce taux de survie sans pathologie néonatale sévère est plus faible chez les enfants extrêmement prématurés : il est de 30% à la 25e semaine, et de 12% à la 24e semaine. Le pronostic peut par ailleurs varier s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon, selon les spécialistes. Il existe "une zone grise", en gros pour les naissances à 24-25 semaines, où la prise en charge est proposée ou non en France, en fonction des équipes et des parents, relève le Pr Rozé, en évoquant là un "débat sociétal".
"50% de la prématurité est provoquée par l'équipe médicale, soit pour sauver la mère, soit pour sauver l'enfant", selon le Dr Ancel notant que la prématurité a "très légèrement augmenté". L'âge tardif de la grossesse et les traitements de l'infertilité, entre autres, y contribuent.