TDAH : "On finit par croire qu'on est le problème"

Le 12 juin 2024 marque la Journée nationale du TDAH. Sept mois après la publication de la stratégie TND, c'est l'occasion de mettre en lumière les enjeux du repérage de ce trouble, souvent trop tardif. Diagnostiquée à 29 ans, Tiffany Mazars témoigne.

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Tiffany Mazars en pleine conférence.

A l'instar de nombreuses femmes présentant un trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), il faudra 29 ans pour que Tiffany Mazars, conférencière sur les handicaps invisibles, reçoive son diagnostic. La crise sanitaire, un licenciement économique et le lancement de son activité, son emménagement, deux enfants en bas-âge et sa santé déclinante l'amènent, en septembre 2020, au point de rupture. « Je ne me reconnaissais plus, confie la jeune femme. Mon organisation était devenue catastrophique, je ne supportais plus les stimulations sensorielles du quotidien, j'avais des troubles de la mémoire... »

Former les professionnels de santé

Son parcours de diagnostic commence par une visite chez le médecin. « J'ai eu de la chance, même s'il ne m'a pas particulièrement aidée, il m'a au moins envoyée chez un neuropsychologue, puis chez un psychiatre qui a posé le diagnostic final. Il m'a fallu un an et demi pour l'obtenir. » Un délai « court », selon elle, si l'on compare à d'autres expériences, qui s'explique par le fait qu'elle est passée par des professionnels non-conventionnés. Aujourd'hui, en France, le TDAH souffre d'un manque de connaissance général. C'est un axe sur lequel la stratégie TND met l'accent : la formation des professionnels de santé et éducatifs.

Favoriser un repérage précoce

Avancer l'âge moyen du repérage du TDAH est un enjeu de santé publique. L'errance diagnostique, et donc l'absence d'accompagnement adapté, favorise en effet l'apparition de troubles associés chez trois adultes concernés sur quatre. Tiffany, elle, évoque son anxiété. « J'avais beaucoup de mal à socialiser avec les gens de mon âge, se rappelle-t-elle. Je fonctionnais différemment des autres, j'étais impulsive et sans filtre... » Au collège, elle subit du harcèlement scolaire et des violences verbales en continu. « Quand tout le monde nous dit qu'on est bizarre, on finit par le croire et penser qu'on est le problème. » Conséquences : une estime de soi faible, voire inexistante, des difficultés à se construire, des conséquences parfois graves sur la santé (burn-out, dépression)…

Donner l'information

Aujourd'hui, Tiffany Mazars se sert de son expérience pour sensibiliser le plus grand nombre aux handicaps invisibles car cela va au-delà de la formation des corps médicaux et éducatifs. « On est livrés à nous-mêmes, on doit s'informer de notre côté, trouver les bons professionnels et insister pour avoir nos rendez-vous. Beaucoup ne le font pas car ils n'ont pas l'information. Ils ne se disent pas que leurs difficultés viennent du TDAH, parce qu'ils ne savent même pas ce que c'est », regrette la conférencière. « C'est pour combattre cette absence de clés de compréhension que la journée du 12 juin est importante. »

© Les vidéalistes

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