DERNIERE MINUTE DU 31 JANVIER 2024
« J'ai voulu montrer à mon handicap qu'il avait fait le mauvais choix en me choisissant comme hôte ». Tony l'a fait ! Après maints reports, il est venu à bout de la Vallée blanche le 31 janvier 2024 en tandem ski. Il a fallu à plusieurs reprises l'encorder pour qu'il puisse franchir quelques passages difficiles. Pour finir, il a fallu escalader un mur pour rejoindre la télécabine de Montenvers. Une véritable performance exécutée en seulement quatre heures ! Tony Moggio se dit « fier d'avoir pu réunir autour de ce défi autant d'âmes positives et pu démontrer que la montagne peut être accessible à tous ».
ARTICLE INITIAL DU 10 JANVIER 2024
De report en report à cause de conditions météo défavorables depuis 2022, Tony Moggio a fixé une nouvelle date pour son défi en tandem ski. Ce sera le 31 janvier 2024 ! Après avoir bravé l'eau, cet ancien joueur de rugby amateur, devenu tétraplégique à la suite d'un accident en plein match, s'apprête à défier la neige. Près de cinq ans après avoir relié le port de Sainte-Maxime à celui de Saint-Tropez à la seule force de ses bras (Lire : Tony Moggio, tétraplégique: 4 km de nage à la force des bras), il flirtera avec les sommets du massif du Mont-Blanc. Le Toulousain s'élancera de l'Aiguille du midi, avec son binôme Hervé Bourchanin, de l'association Safe mountain, qui accompagne les personnes à mobilité réduite dans la pratique des sports de glisse. Une première pour une personne tétraplégique. « A moi la Vallée Blanche ! », s'impatiente ce challenger de 38 ans qui ouvre ainsi la voix aux amateurs de glisse en situation de handicap.
Le dépassement de soi en ligne de mire
Au cours de cette descente vertigineuse, le binôme traversera le glacier du Géant et la Mer de glace, un hors-piste d'un dénivelé de 2 800 mètres et d'une longueur « unique au monde » de 20 kilomètres. Ce duo avide de sensations fortes s'est bien trouvé. Leur point commun ? Le dépassement de soi. Tony imagine un projet à la minute, sportif ou non. Après avoir écrit trois livres, il s'est lancé dans l'entrepreneuriat en concevant un porte-biberon adapté pour les parents ayant des problèmes de motricité ainsi qu'une marque de vêtements pour tous (Lire : Tony Moggio, "papa tétra", invente un porte biberon adapté). « Avec cette descente, je réalise le rêve de tous les amoureux de la glisse, de la montagne et des sommets », s'enthousiasme Tony Moggio.
Braver le froid et le manque d'oxygène
A 3 842 mètres d'altitude, le défi majeur sera d'économiser son oxygène, a fortiori pour Tony qui a perdu la moitié de son souffle après son accident. Il devra aussi affronter le froid. « Je ne régule pas du tout la température de mon corps, je vais donc devoir l'habituer aux températures extrêmes, explique-t-il. Sans compter la difficulté de devoir se coordonner avec mon binôme, suivre les courbes et ses mouvements. Pas évident quand tu es tétraplégique jusqu'au cou ! » Pour résister à tous les obstacles de la montagne, Tony mise sur une « observation perpétuelle et le ressenti de son corps ».
Un entraînement intensif
Pour s'y préparer, il a suivi un entraînement intensif depuis des mois. Au programme : deux à trois heures de natation par semaine (notamment sans respirer pour préparer l'organisme à l'altitude), deux heures de boxe pour booster le cardio et la gestuelle et une à deux heures de renforcement musculaire pour « consolider spécifiquement les muscles du cou et les habituer aux contraintes des impacts et des changements de direction ». Au total, six heures de sport hebdomadaires, rythmées par de nombreux massages pour faciliter la récupération. Sur le plan mental, Tony a fait appel à un préparateur pour travailler sur ses craintes et surmonter le stress. « Un défi n'est pas seulement physique, il est aussi mental. Notre façon de penser fait souvent la différence pour finaliser nos objectifs », assure Tony, toujours en quête de nouveaux challenges. « Je ne marche plus mais je peux vous assurer que j'avance toujours ! », affirme-t-il.
Engagé pour la planète
Au-delà du « petit grain de folie », cette tentative est bien plus qu'un simple défi sportif pour lui. « Elle incarne mon engagement envers la préservation de notre planète. La réalité du réchauffement climatique est palpable, particulièrement dans les montagnes où nous observons la fonte des glaciers, l'érosion des roches et la raréfaction de la neige », conclut Tony qui a dû repousser à deux fois son défi à cause d'un enneigement insuffisant, rendant difficile le passage de l'arête de l'Aiguille du Midi et celui des séracs, un parcours qui requiert une maîtrise exceptionnelle. Ayant pris conscience de ces enjeux, il invite chacun à chacun à se joindre à son initiative et à poser des « actes positifs » en faveur de l'environnement.