Tourisme : l'inclusion une "opportunité de business"?

"Au-delà de la valeur morale" de l'inclusion, "une opportunité de business" ? Au lendemain du succès des Jeux paralympiques de Paris 2024, l'idée fait son chemin chez les professionnels du tourisme.

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Au 1er plan, le logo du label Tourisme et handicaps et, au loin, un phare.

Par Katell Prigent

"L'inclusion est quelque chose que nous n'abordons pas dans notre secteur",
 a reconnu Valérie Boned, présidente des Entreprises du voyage, organisation regroupant plus de 1 600 entreprises de tourisme. Et pourtant, "au-delà de la valeur morale, c'est une opportunité de business", reconnaît-elle auprès de l'AFP, à l'occasion du salon IFTM (International and french travel market).

Lieu accessible = hausse du chiffre d'affaires

"Je vis du fruit de mon travail, je peux voyager, je peux consommer." Philippe Croizon, quadri-amputé, connu pour avoir traversé la Manche à la nage, a tenu à rassurer les professionnels du tourisme dès la conférence d'inauguration du salon, en leur expliquant que "rien n'est impossible". "Je voyage avec ma famille, je vais au restaurant avec des amis. Un lieu accessible, c'est 10 à 15 % de chiffre d'affaires supplémentaire", a-t-il expliqué, utilisant un argument payant dans un salon où le business occupe une large place.

Des aménagements bénéfiques pour tous

"Depuis quelques années, il y a un nouveau regard" du secteur sur l'inclusion qui comprend que "c'est un marché", selon Annette Masson, présidente de l'association Tourisme et Handicaps. "Quand une chambre est bien aménagée, elle ne sert pas qu'aux personnes en situation de handicap, elle peut servir à des personnes âgées, ou à une famille car les chambres sont plus grandes", souligne-t-elle. En France, 15 % de la population est déclarée en situation de handicap, et c'est 6 % au niveau mondial soit 1,3 milliard de personnes, a rappelé Laurence Gaborieau, directrice de l'IFTM, lors de son discours inaugural.

Accessibilité, mobilité : y'a du boulot !

"La loi impose un quota de chambres pour les personnes à mobilité réduite (PMR) mais il n'y a pas le confort d'usage", déplore Annette Masson, "par exemple on peut trouver une poubelle à pédale dans une chambre PMR, le truc tout bête, mais qu'est-ce que vous faites quand vous n'avez pas l'usage des jambes ?". "On a encore des tas de progrès à faire", estime-t-elle, pas seulement sur la mobilité. "En France, 7 millions de personnes sont déficientes auditives, c'est le premier handicap", relève-t-elle, sans oublier le handicap mental et le handicap visuel.

Un "problème de diffusion de l'information"

"On peut faire des choses mais on ne le sait pas, il y a un gros problème de diffusion de l'information", souligne à l'AFP Lucie Fontaine, auteure d'un guide Michelin intitulé Vacances accessibles en France pour les voyageurs à mobilité réduite (Guide Michelin "vacances accessibles" : 1 200 sites adaptés). Le groupe Accor "mobilise ses hôtels", reconnaît Annette Masson. Quelque 400 établissements du groupe ont été labellisés "Tourisme et Handicaps".

Des "chambres intelligentes"

Le groupe international développe depuis 2017 des "chambres intelligentes" avec lit à hauteur réglable, éclairage au sol, douche à paroi amovible et penderie adaptée mais aussi des outils comme le GPS permettant aux déficients visuels de se rendre dans leur chambre ou au restaurant. Dans son guide, Lucie Fontaine donne aussi des adresses qui n'ont pas le label "Tourisme et Handicap", dont "le cahier des charges est très strict", souligne l'auteure.

L'accessibilité, une "donnée variable"

"La complexité du sujet, c'est que l'accessibilité est une donnée variable, chaque personne a des besoins différents. Une même personne, à un moment ou à un autre de son parcours de vie, peut aussi avoir des besoins différents", souligne Lucie Fontaine, qui se déplace elle-même en fauteuil roulant. Ainsi, le guide propose des adresses et activités "sans aucune difficulté, sans aucune restriction, où on profite exactement comme une personne valide, en toute autonomie", et des activités où "on a alerté sur une éventuelle difficulté, soit on ne peut pas accéder à l'intégralité du lieu, soit on a des difficultés comme un dénivelé un peu raide". "Il y a encore beaucoup de choses à faire mais il y a plus de choses possibles que ce que l'on croit, même si les sites ne sont pas tous labellisés", assure Lucie Fontaine.

© Emmanuelle Dal'Secco

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