Une TPE, c'est une « très petite entreprise » ? On en compte 2,4 millions en France. Elles se distinguent des PME (petite et moyenne entreprise) par le fait qu'elles emploient de 0 à 19 salariés (en comparaison, la France ne compte que 75 000 PME de 20 à 249 salariés et 4 500 grandes entreprises à partir de 250 salariés). A ce titre, les TPE ne sont pas donc soumises à la loi qui impose à toute société de 20 salariés et plus de compter, dans ses effectifs, au moins 6% de travailleurs handicapés. Mais sont-elles pour autant sensibilisées et mènent-elles des actions dans ce domaine ?
Tensions dans emploi = impact sur les travailleurs handicapés
La société Fiducial a pris l'initiative, depuis décembre 2000, de publier un baromètre trimestriel de conjoncture des TPE pour mieux faire reconnaître ce tissu vital pour l'économie française et véhiculer une vision dynamique et inédite du monde des TPE. A ce titre, l'emploi des personnes handicapées fait aussi partie de ses prérogatives. Ce sujet trouve pleinement sa place dans le 60ème baromètre publié au 4ème trimestre 2015 (en 88 pages, en lien ci-dessous). Il révèle, notamment, que dès lors que des tensions réapparaissent sur le front de l'emploi, elles impactent significativement l'intégration de travailleurs handicapés.
TPE et handicap en chiffres
Interrogés, 75 % des patrons de TPE employant au moins un salarié disent ne disposer d'aucun poste adapté et n'ont donc jamais embauché de travailleur handicapé. Sur les 17% qui y ont eu recours, la majorité se dit prête à renouveler l'expérience (2 sur 3 exactement). Cette part s'accroît naturellement avec la taille de la structure, atteignant 27% dans les entreprises de 10 à 19 salariés. Notons que 2% ont tenté une telle embauche sans trouver le profil espéré. Actuellement, 7% des employeurs comptent dans leurs effectifs au moins un travailleur en situation de handicap, ce taux grimpant à 22% dans les structures de 10 à 19 salariés, ce qui en fait le club des « bons élèves ». Si près de la moitié a bénéficié d'une aide financière lors de cette embauche (44%), ils ne sont que 15% à avoir fait appel à un expert extérieur pour l'aménagement du poste. Cette possibilité d'obtenir un accompagnement et/ou une aide financière lors du recrutement d'une personne handicapée est connue des trois quarts des dirigeants (78%).
Maladie psychique, le parent pauvre
Selon Gilles Barbier, un patron de TPE, « elles constituent une ressource précieuse pour l'emploi des personnes handicapées mais n'ont pas accès au même réseau que les grosses entreprises. Les dirigeants sont au four et au moulin et doivent donc faire avec les moyens du bord, dans un temps souvent limité. Ils sont donc moins bien armés pour recruter des travailleurs handicapés mais le font tout de même, parfois dans de belles proportions. Il est donc important de les encourager dans ce sens en leur proposant un accompagnement de qualité, qui permettra également de venir à bout de pas mal d'idées reçues. ». Il est vrai que, pour certains chefs d'entreprise, la notion de handicap reste vague. Dans ce baromètre, ils ont été interrogés sur la manière dont ils la définissent à travers quelques exemples. Ils sont 83 % à penser qu'un cuisinier amputé d'une main est effectivement en situation de handicap ou 65 % dans le cas d'un manutentionnaire atteint d'une hernie discale. Mais ils ne sont plus que 35 % à considérer qu'un commercial atteint de dépression l'est aussi. Cette méconnaissance de la maladie psychique n'est pas propre aux TPE et affecte toute la sphère professionnelle.
450 000 chômeurs handicapés, et après ?
Faut-il le rappeler, la France dénombre plus de 450 000 demandeurs d'emploi en situation de handicap, soit 20 % des personnes handicapées aptes au travail. C'est le double de la population valide. Dans une conjoncture difficile, elles sont les premières à être impactées. Toutes les pistes sont donc bonnes à explorer, qui passent, notamment, par un travail de sensibilisation auprès des TPE, un vivier qui doit être valorisé.