Dernière minute du 4 mars 2021
Byun Hee-soo, militaire sud-coréenne limogée par l'armée après une intervention chirurgicale afin de changer d'identité sexuelle, a été retrouvée morte à son domicile le 3 mars 2021, probablement après son suicide, suscitant une vague de consternation et des appels à adopter une loi anti-discrimination.
Article initial du 13 août 2020
Byun Hee-soo, 22 ans, sergent-chef dans l'armée de Corée du sud subit en 2019 une opération de réattribution sexuelle en Thaïlande. « Il » devenu « elle » exprime alors le désir de servir dans le corps féminin. C'est le premier cas du genre dans ce pays.
Exclue de l'armée
Mais l'armée décide de l'exclure en janvier 2020. Pour quel motif ? Invoquant la loi sur la gestion du personnel militaire, un porte-parole du ministère de la Défense affirme que la perte de ses parties génitales constitue un « handicap mental ou physique ». Le 11 août 2020, la jeune femme annonce intenter une action en justice contre les autorités militaires lors d'une conférence de presse à Séoul, s'appuyant sur la constitution sud-coréenne qui n'autorise aucun type de discrimination, comme priver quiconque de statut public, en raison de « l'identité personnelle ». L'un de ses avocats a souligné que la question en litige était de savoir s'il était juste d'interpréter une opération de réattribution sexuelle comme un « handicap ». Byun a décidé de ne pas renoncer et, avec l'appui d'un groupe de soutien, se lance dans une âpre bataille juridique…
France, une longueur d'avance
Et ailleurs ? L'Organisation mondiale de la santé a longtemps considéré la transidentité (le fait de s'identifier à un genre qui n'est pas celui assigné à la naissance) comme une « maladie mentale ». Mais, le 27 mai 2019, elle la retire de la 11ème version du CIM-11 (classification internationale des maladies), même si cette modification n'entrera en vigueur que le 1er janvier 2022. Elle est alors déplacée sous le nom « d'incongruence de genre » dans le chapitre « santé sexuelle ». La France a, dans ce domaine, une large longueur d'avance. En février 2010, elle est le premier pays au monde à retirer « le transsexualisme » et les « troubles précoces de l'identité de genre » de la liste des affections psychiatriques.
Des parcours très psychiatrisés
Pourtant, Jules G., co-président d'Outrans redoute que cette décision n'ait, au contraire, pas d'effet dans la pratique. Même si la transidentité n'est plus considérée officiellement comme une « pathologie », en France, les parcours de transition sont toujours très psychiatrisés, car non encadrés par la loi », expliquait-il dans les colonnes des Inrockuptibles. Les personnes « trans » souhaitant initier une thérapie hormonale ou accéder à une chirurgie doivent en effet subir un examen psychiatrique et une période d'observation de deux ans minimum, et l'accès aux soins médicaux de qualité reste compliqué.
Transgenre et autisme ?
Une nouvelle étude menée auprès de 600 000 personnes par des scientifiques du centre de recherche sur l'autisme de l'Université de Cambridge (Angleterre) parue le 7 août 2020 dans la revue Nature www.nature.com/articles/s41467-020-17794-1 ) apporte néanmoins un éclairage surprenant. Elle met en évidence que les adultes transgenres et de divers genressont plus susceptibles de recevoir des diagnostics de problèmes de santé mentale, en particulier de dépression (deux fois plus que la population générale). Ce que confirme Sébastien Machefaux, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne à Paris, dans Le Monde : « Il existe de nombreux cas de dysphorie de genre sans troubles psychiques associés, comme il existe de nombreux cas de transsexualisme avec des troubles psychiques, qui sont parfois sévères ». Par ailleurs, selon cette même étude, les adultes transgenres seraient trois à six fois plus susceptibles que les autres d'être diagnostiqués autistes ; alors qu'un peu plus d'1% de la population britannique vit avec un trouble du spectre autistique, entre 3,5 et 6,5 % des adultes transgenres seraient concernés. Mais l'équipe n'a pas cherché à savoir si l'un causait l'autre. Cette recherche confirme des études antérieures menées à plus petite échelle. Lors du congrès Autism Europe à Edimbourg, en 2016, des travaux sur la dysphorie de genre et ses rapports avec l'autisme de haut niveau avaient déjà été présentés.
Quid du remboursement ?
Si la dysphorie de genre n'est plus considérée comme une maladie, un trouble ou un handicap, le risque n'est-il pas de remettre en question le remboursement de réassignation hormono-chirurgicale (traitement hormonal substitutif puis chirurgie) ? En France, Roselyne Bachelot a tranché. En 2009, alors ministre de la Santé, elle l'a classée dans les « affections hors liste », permettant ainsi une prise en charge à 100 %. Une exception mondiale !