Comment parer à l'état d'urgence dans lequel se trouve le travail social et notamment à la pénurie de professionnels sans précédent ? Attendu par toute la profession, un livre blanc de 180 pages entend apporter des réponses, visant à « améliorer l'exercice professionnel, recréer des vocations, lever les freins », en prenant en compte les conséquences majeures de la crise sanitaire. Rédigé par le Haut conseil du travail social (HCTS), complétant le livre vert paru en mars 2022, il a été remis au gouvernement le 5 décembre 2023.
Le handicap en 1ère ligne
Le travail social concerne les crèches, les Ehpad, les lieux d'accueil de l'enfance protégée et l'accompagnement des personnes handicapées (assistants sociaux, éducateurs spécialisés, services à la personne) ? 1,3 million de professionnels sont impliqués, dont un tiers travaillent dans des établissements dédiés à l'accueil et à la prise en charge de personnes en situation de handicap. Pas assez ! Alors comment, dans ce contexte critique, répondre aux promesses politiques, notamment celle d'Emmanuel Macron qui annonce 50 000 « solutions » nouvelles pour adultes et enfants en situation de handicap d'ici 2030 (Lire : 50000 "solutions" nouvelles dans le médico-social d'ici 2030). Manque de financement, non-recours aux droits important, maltraitance… Face à une crise persistante du secteur depuis dix ans, un plan Marshall est réclamé à cor et à cri depuis des années (Lire : Médico-social handicap en crise : l'été de tous les dangers).
14 grandes recommandations
Ce livre blanc fait 14 grandes recommandations, couvrant tous les domaines : « des conditions de travail et de l'attractivité des organisations aux conditions d'attractivité des métiers dans les grandes transitions écologique, démographique et numérique, sans oublier les pratiques et les approches professionnelles nécessaires face aux défis sociaux d'aujourd'hui ou encore les enjeux de la formation initiale et continue », précise le communiqué.
Ses auteurs promeuvent, notamment, une revalorisation significative des métiers avec des actes de reconnaissance, des mesures qui redonnent du sens et un projet au travail social en faveur des personnes accompagnées. Cela passe par une simplification visant à réduire le taux de non recours et diminuer la charge des travailleurs sociaux, une clarification des rôles et une redynamisation de l'accueil de premier niveau et une mise en place de temps collectifs entre professionnels.
Handicap, un changement de paradigme !
Un court passage (page 91) appelle à un « changement de paradigme pour le handicap », le modèle français s'étant construit sur une « logique de protection de ces publics » en milieux fermés et spécialisés alors que ce livre blanc appelle à « un nouveau modèle d'action qui situe la personne comme actrice de sa propre vie », dans la ligne droite de la loi handicap de 2005 et des injonctions de l'ONU. Le médico-social doit « s'adapter », selon lui, dans une « logique de prise en charge ou de compensation individuelle mais également de mobilisation du droit commun », encourageant une « organisation hors-les-murs » plus flexible et modulaire, en s'appuyant davantage sur les territoires. « En ce sens, les établissements médico-sociaux se transforment en plateforme de services », recommande-t-il.
Et maintenant ? Olivier Dussopt, ministre du Travail, assure que « l'attractivité du travail social appelle des réponses fortes », notamment en matière de « santé au travail, valorisation des métiers et amélioration de leurs conditions d'exercice, développement des compétences ». Quant à Aurore Bergé, ministre des Solidarités, elle promet, notamment, la création d'un Institut national du travail social en 2024, une « étape clé pour ces métiers ».