Parmi les 150 000 emplois existants ou à créer, en majorité de 2021 à 2024, les organisateurs de Paris 2024 affirment vouloir favoriser les publics éloignés de l'emploi et, notamment, les personnes en situation de handicap (article en lien ci-dessous). Ils mettent également en œuvre une politique responsable des achats, en faisant appel aux secteurs protégé (Esat) et adapté (EA). De nombreux bénévoles en situation de handicap seront par ailleurs recrutés tandis qu'un partenariat avec Unis-Cité va permettre de faire appel à des jeunes en service civique (limite d'âge repoussée à 30 ans en cas de handicap contre 25 ans pour les autres).
Une convention avec l'Agefiph
Le 18 novembre 2020, le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojo) a donc signé une convention en ce sens avec l'Agefiph (fonds dédié à l'emploi des personnes handicapées dans le privé) (article en lien ci-dessous). Elle vise, jusqu'en 2025, à « renforcer les actions du comité pour lever les possibles freins à l'embauche liés au handicap ». Quelques jours plus tard, un point presse a permis de revenir plus en détails sur les opportunités espérées à un moment où l'on « entre dans une phase de croissance très forte », selon Agnès de Saint Céran, DRH (directrice des ressources humaines) de Paris 2024. Elle affirme que, dans toutes les phases du cycle de vie du collaborateur, le Cojo entend « créer l'environnement le plus insclusif possible » puis « préparer une transition pour l'après-jeux » qui permettra au collaborateur handicapé de se « repositionner » et de « repartir fort de ses nouvelles compétences ». Se définissant comme un « laboratoire pour expérimenter de nouvelles pratiques », Paris 2024 entend « créer la différence pour ce public en termes de carrière » et viser « l'exemplarité ». Isabelle Darolle, délégation régionale adjointe de l'Agefiph, y voit quant à elle un « levier incroyable », un « moyen de lutter contre les discriminations », avec la « volonté de bousculer la société française et de laisser un héritage sur le long terme » en mobilisant, notamment, les secteurs du tourisme, de l'hôtellerie ou de la restauration. Et tout cela sur un temps « court et intense ». Objectif ? 4 500 recrutements en quelques mois.
Des engagements concrets
Maintenant que le cap est fixé et les volontés affirmées, comment mettre concrètement en œuvre cet engagement ? Du côté du Cojo, on assure que les moyens sont sur la table, notamment via la création d'une mission handicap qui doit animer un comité de pilotage. « Pas seulement un projet RH mais un projet d'entreprise, qui est porté par l'ensemble des parties prenantes », selon Agnès de Saint Céran. De son côté, l'Agefiph propose, en prenant en compte les besoins spécifiques des collaborateurs, de mettre ses offres à disposition, complétées par celles de droit commun. Il mobilise par ailleurs le réseau des référents handicap des entreprises de plus de 250 salariés, ainsi que tous ses partenaires acteurs de l'emploi. La ville de Paris, qui fait partie du Conseil d'administration de Paris 2024, a, elle aussi, « l'ambition de porter le handicap sur ce projet », qui « fait partie d'une démarche globale en faveur de l'emploi des personnes handicapées ».
Chloé, déficiente auditive, a trouvé sa place
Chloé, déficiente auditive, qui n'avait jamais imaginé avoir une « carrière brillante », a intégré le service RH il y a un an. Elle redoutait d'être mise de côté par ses collègues mais « tout s'est finalement bien passé » après avoir expliqué ses contraintes, par exemple lors des conversations de groupe, au téléphone ou depuis le port du masque généralisé. Son environnement de travail a été sensibilisé et la jeune femme se réjouit d'un « enrichissement réciproque », notamment avec des collègues porteurs d'autres handicaps. Des aménagements de poste lui ont également été proposés : télétravail partiel, visioconférence dans un environnement calme ou encore acquisition de masques à fenêtre transparente pour son équipe. Selon elle, Paris 2024 est particulièrement « handi-accueillant ». Le quota « légal » de 6 % de travailleurs handicapés est visé mais cela « ne suffit pas », ajoute Agnès de Saint Céran qui mise aussi sur des indicateurs « qualitatifs », notamment la volonté de sensibiliser tous les collaborateurs au handicap, ce qui leur permettra « d'essaimer les bonnes pratiques dans leur future entreprise après les Jeux et donc de générer des progrès ailleurs ».
Comment postuler ?
Quel est le meilleur moyen pour postuler ? La plateforme de recrutement dédiée, paris2024.org/fr/nous-rejoindre/ (en lien ci-dessous), recense les offres d'emploi en ligne et permet de déposer une candidature spontanée. A ce jour, une cinquantaine d'offres sont publiées, ouvertes à tous. Elles sont concentrées sur la région parisienne, presque exclusivement sur le futur site des Jeux, à Saint-Denis (93). Ce sont principalement des postes qualifiés (architecte, chef de projet, manager en sport, analyste…), ainsi que des stages et contrats en alternance (en communication, service de presse…). A signaler : une offre « Chef de projet senior Accessibilité universelle ».
Réellement compatibles avec le profil des personnes handicapées souvent en manque de formation ? Le Cojo rassure : « A mesure que nous allons nous rapprocher des Jeux, fin 2023, début 2024, nous aurons des opportunités plus larges pour les personnes moins qualifiées », par exemple dans l'accueil des spectateurs. Il faudrait donc patienter ? Agnès de Saint Céran promet néanmoins « une attention particulière aux candidats qui signalent leur situation de handicap ». La collaboration avec les partenaires (Cap emploi, Agefiph, cabinets de recrutements) permet à la fois de sourcer des candidatures ciblées et de donner de la visibilité aux offres. Luc Aubry, chargé de développement au sein de l'Agefiph, recommande à son tour de « mentionner son handicap le plus tôt possible » pour permettre « d'adapter rapidement le processus de recrutement », par exemple en organisant des entretiens téléphoniques et ainsi « attirer le plus possible ces candidats ».
Rappelons que Paris 2024 a rejoint Hello handicap, spécialiste du recrutement de travailleurs handicapés, qui organise deux fois par an, en octobre et avril, des salons en ligne (article en lien ci-dessous).