Le 31 mai 2015, au triathlon de Cergy-Pontoise, près de Paris. La fin de la course se rapproche pour Valentin Francavilla et son petit frère Théophile qu'il traîne depuis bientôt 4 heures et 31 minutes. A quelques mètres de la ligne d'arrivée, Valentin stoppe son effort. Il sort Théophile de sa poussette, le tient, le place devant lui. Sur les bas-côtés, le public applaudit, encourage les deux frangins. Ces derniers mètres, c'est debout que « Théo » va les parcourir. Un final en apothéose qui vient récompenser un beau projet initié par Valentin. L'objectif ? Se rapprocher de son frérot né handicapé, sourd, muet et malvoyant. « J'avais l'impression de louper ma fraternité avec Théophile, confie-t-il dans un reportage diffusé dans l'émission Stade 2 (vidéo ci-dessous), l'impression d'être deux frères mais qui ne partagent pas forcément des choses ensemble. J'avais envie que, plus tard, lorsque je me retournerai sur ma vie, je puisse dire que j'ai fait quelque chose avec lui. » Ni une ni deux, le jeune homme de 28 ans décide de courir un triathlon individuel, en duo.
Sur les traces de la team Hoyt
Lors de l'épreuve de nage, Valentin tire Théophile qui, lui, est placé sur un bateau gonflable. En vélo, Théo est installé à l'avant, sur un siège ; en course à pied, il est poussé dans un fauteuil roulant. Ces aménagements semblent des contraintes supplémentaires, et pourtant. « Tout le monde me dit : "T'as une difficulté en plus, tu pousses quelqu'un, tu le tractes dans un bateau, faut être surhumain !". Mais, en fait, c'est une aide. C'est comme si j'avais toujours quelqu'un derrière moi qui me disait : "Vas-y, vas-y !" ». Des moyens de locomotion qui rappellent une autre histoire forte : celle de l'Américain Dick Hoyt et de son fils quadriplégique (article en lien ci-dessous). Depuis 1977, ils ont participé à 229 triathlons en utilisant le même procédé. Un film français – De toutes nos forces – est sorti en 2014 qui retrace cette belle relation (article en lien ci-dessous). Quant à celle entre Valentin et Théophile, elle a pris un tournant important en cette après-midi pluvieuse de mai. Il n'y avait qu'à voir les larmes dans les yeux de leur maman et la puissance de son étreinte après l'arrivée, émue face à cet exploit réalisé par ses deux fils. Le 31 mai, c'était justement la fête des mères.