Handicap.fr : Comment vous est venue l'idée de ces Trophées H'Up ?
Didier Roche : Je l'avais en tête depuis longtemps mais elle est sortie des cartons courant 2017. J'étais membre du jury des Managers de la diversité et j'ai beaucoup aimé le modèle de fonctionnement de leurs trophées. J'ai souhaité m'en inspirer.
H.fr : Quel est ce mode de fonctionnement ?
DR : On ne dépose pas un dossier de candidature mais c'est un comité d'experts qui propose des personnes à un jury. On n'est pas dans un appel traditionnel à candidatures parce que, dans ce cas, celui qui débute peut imaginer qu'il est trop petit et que son chiffre d'affaires n'est pas suffisant pour rivaliser avec les gros. Et c'est ce que je ne souhaitais surtout pas car, dans le cas des Trophées H'Up, le projet porte bien sur la personne en tant qu'entrepreneur plus que sur l'entreprise en tant que telle.
H.fr : Un exemple concret ?
DR : Un entrepreneur devient handicapé, il plante sa boite. Trois ans après, il se relance avec ses petits moyens. On va plutôt avoir envie de primer cet homme, ou cette femme, que celui qui se lance dans une startup et lève un million d'euros.
H.fr : Donc, ce que vous souhaitez valoriser, c'est surtout la capacité à surmonter les obstacles.
DR : Oui, et pas nécessairement l'importance du business. C'est vraiment attaché à la personne. Ce qui va nous interpeller, c'est l'exemplarité, la résilience parfois, quelque chose de cette nature-là.
H.fr : Si une personne veut candidater en nom propre, c'est possible ?
DR : Oui, bien sûr, elle n'est pas obligée d'être recommandée ou cooptée (lien ci-dessous).
H.fr : Faut-il avoir une RQTH (reconnaissance qualité travailleur handicapé) ?
DR : Non, pas forcément. Il faut simplement être reconnu, aux yeux de la loi de 2005, comme une personne handicapée. Ce peut être via une carte d'invalidité, l'AAH (allocation adulte handicapé)...
H.fr : Ces Trophées sont-ils réservés aux membres d'H'Up ?
DR : Non, absolument pas même s'il est facile de s'affilier à notre association puisqu'il existe une version gratuite depuis septembre 2017. Pour devenir membre "Freemium", il suffit de s'inscrire en quelques clics. Nous comptons 700 membres à ce jour et 3 000 personnes qui nous suivent.
H.fr : Quels seront les prix décernés ?
DR : Il y en a quatre : celui du créateur d'entreprise, repreneur et expérimenté. Quant au Trophée de l'entrepreneur de l'année, il couronnera un parcours d'exception.
H.fr : Quelle récompense pour les lauréats ? Un peu d'argent ?
DR : Non, pas d'argent mais une promotion médiatique, un film d'une minute trente pour valoriser leur action et une invitation à la table des partenaires lors de la soirée de gala. Des cadeaux partenaires sont attendus mais je préfère rester discret sur le sujet.
H.fr : L'objectif, c'est aussi d'avoir une portée médiatique pour votre association ?
DR : Oui, c'est de dire : "On peut être en situation de handicap et entreprendre". C'est une idée qui n'est pas forcément entrée dans les mœurs. Le slogan d'H'Up, c'est : "Handicapé sûrement mais entrepreneur avant tout".
H.fr : Quelle date maxi pour postuler ?
DR : Le 31 août 2018.
H.fr : Ensuite, quel sera le déroulement de la cérémonie ?
DR : Il y aura deux moments. D'abord les Trophées, soutenus par des partenaires financiers, la Fondation Malakoff Médéric handicap, l'Agefiph, la mairie de Paris, ainsi que des partenaires medias comme le groupe Les Echos, Le Parisien, France Info, EcoRéseau business et handicap.fr. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 30 octobre 2018 à Paris. Elle sera suivie d'un dîner de gala avec des tables vendues à des entreprises, des institutions et des associations. Celles qui souhaitent s'associer à ce moment festif sont les bienvenues.
H.fr : Les bienvenues mais à quel prix ?
DR : 500 euros la place.
H.fr : À qui iront les bénéfices de ce gala ?
DR : À H'Up, pour financer son action d'accompagnement des personnes handicapées, soit dans la création, soit dans le développement ou le rachat d'entreprises, ainsi qu'en faveur des chefs d'entreprise qui deviennent handicapés. Nous souhaitons également financer notre développement en régions. Après Paris, nous avons ouvert un bureau à Lyon, Mulhouse, Strasbourg, Haguenau, Colmar, et bientôt à Lille, Nantes, dans le Sud de la France et le Val de Loire.
H.fr : Des trophées handicap, il y en a en pagaille chaque année. Est-ce vraiment la première fois qu'on distingue des entrepreneurs en situation de handicap ?
DR : Plusieurs ont tenté le coup mais ça n'a jamais eu vraiment d'envergure. Une association dans le Nord de la France, au sein d'une université lilloise, a essayé d'en mettre en place mais ça n'a pas marché. Atos a également un programme de ce type mais peu connu et médiatisé. Nous comptons les rencontrer pour joindre nos forces.
H.fr : Ces Trophées sont placés sous le haut-patronage du Président de la République. Quel argument pour le convaincre ?
DR : Deux raisons à cela. Emmanuel Macron a dit vouloir faire du handicap l'un des grands chantiers de sa mandature, notamment porté par son épouse Brigitte, première Dame de France dans la dimension caritative, et c'est aussi quelqu'un qui soutient l'entreprenariat. Dans ce contexte, on est en plein dans le mille. Nous avons préempté son agenda pour notre soirée sans être certains qu'il pourra se libérer.
© fotofabrika/Fotolia