Troubles alimentaires : enfin une unité spécialisée ?

Infertilité, dépression, suicide... Dévastateurs, les troubles des conduites alimentaires sont fréquents chez les adolescents. Pour améliorer leur prise en charge, une unité de jour ouvre à Paris. L'objectif : un accompagnement médical et scolaire.

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L'anorexie mentale touche 1 à 2 % des jeunes femmes. Préoccupées par un besoin obsessionnel de maigrir, elles s'infligent des restrictions alimentaires drastiques. Défaillance cardiaque, infertilité, dépression et même suicide... Les complications somatiques et psychiques sont nombreuses. Résultat, un taux de mortalité particulièrement élevé, entre 5 et 15 %, le plus élevé dans les maladies psychiatriques. Mais il est possible d'en venir à bout, à condition de bénéficier d'une prise en charge adaptée, puisque, selon l'Inserm, 50 % des cas pris en charge à l'adolescence guérissent. En Suède, grâce à des dispositifs de soins spécialisés, ce taux a été réduit. En France, la première unité de jour spécialisée dans les troubles des conduites alimentaires (TCA) verra le jour, le 30 septembre 2019, au sein de la clinique de la Fondation santé des étudiants de France (FSEF), dans le 16e arrondissement de Paris.

Des patients-élèves

Ce projet singulier répond à un besoin croissant de places en hôpital de jour spécialisé en Île-de-France et propose une offre de « soins-études-insertion », graduée et individualisée, inédite dans la région. Au sein de cette unité, les jeunes de 12 à 20 ans souffrant d'anorexie, de boulimie et d'hyperphagie boulimique bénéficient d'une prise en charge à la fois médicale et scolaire. Pour ce faire, cadres de santé, diététiciens, infirmières, médecins psychiatres, somaticiens, psychologues, psychomotriciens, art-thérapeutes travaillent en synergie avec des proviseurs adjoints, professeurs de collège et de lycée et CPE (conseillers principaux d'éducation) issus de l'Education nationale. La fréquence et l'intensité des cours est adaptée selon les besoins de soins de chaque « patient-élève ».

Des troubles difficilement repérables

La création de cet établissement fait écho aux recommandations de la Haute autorité de santé (en lien ci-dessous) qui souligne, depuis 2010, la nécessité de développer des structures proposant une prise en charge « pluriprofessionnelle et coordonnée » sur le plan somatique, psychiatrique, nutritionnel, social et familial. Plus elle est précoce, plus la guérison sera rapide et le risque de chronicité minime. Le hic, c'est que les TCA sont particulièrement difficiles à repérer notamment car les jeunes concernés masquent leur addiction, par honte. D'autre part, contrairement à celles qui souffrent d'anorexie, les personnes boulimiques ont généralement un IMC (indice de masse corporel) normal et passent entre les mailles du filet. Quant aux personnes hyperphagiques, beaucoup s'arrêtent à leur surpoids sans nécessairement explorer la piste d'un TCA. « C'est donc aux professionnels de santé de rechercher les signes cliniques d'alerte chez les personnes à risque : étudiants, sportifs, patients souffrant d'obésité… », explique la HAS. Pour les accompagner, elle met point huit fiches outils, qui contiennent des conseils pratiques ou encore les examens médicaux à effectuer selon le trouble.

© Stocklib _ Katarzyna BiaÅ__asiewicz

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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