"Un aidant a besoin de répit": les recommandations de la HAS

Les aidants ont besoin de répit, martèle la Haute autorité de santé. Elle adresse ses recommandations aux professionnels qui les accompagnent, afin de mettre en œuvre des solutions adaptées pour préserver leur santé. Enjeu majeur ? Repérage précoce !

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3 personnes tentent de toucher un homme assis, tête baissée, l’air esseulé.

Activités de la vie quotidienne, démarches administratives, médicales, soutien moral… Entre 9 et 12 millions d'aidants apportent une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d'autonomie, en France. « Au regard de ces difficultés et de l'épuisement engendré par une charge de plus en plus lourde, la possibilité de mobiliser une solution de répit est essentielle », affirme la Haute autorité de santé. Fin juin 2024, elle publie ses recommandations afin de définir la notion de répit et de mettre en œuvre des solutions adaptées.

Des travaux destinés aux professionnels

Ces travaux émanent d'une demande de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) dans le cadre de la stratégie nationale dédiée aux aidants. Ils s'adressent à un large panel de professionnels, en particulier ceux des secteurs sanitaire, social et médico-social (médecins libéraux, travailleurs sociaux, psychologues, assistantes scolaires de service social…). Ils sont enrichis de témoignages d'aidants et de professionnels afin d'illustrer concrètement les différentes situations. 

Qui peut repérer ?

« Pour continuer à prendre soin des autres, il faut aussi pouvoir prendre soin de soi. » Ce principe (appelé théorie du masque à oxygène) illustre l'enjeu du repérage des situations d'aidance. Qui peut repérer ? Les professionnels de santé et du social et médico-social puis, plus largement, les acteurs de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, du monde du travail, et toute personne en lien avec des aidants selon le contexte (voisins, amis par exemple).

Comment repérer ?

La HAS recommande de prendre pour point de départ la situation de l'aidant et celle du proche aidé. « Certains signes peuvent permettre d'initier une discussion et mettre en évidence des difficultés jusqu'à présent inconnue : épuisement physique/mental, isolement social, rupture de soins, arrêts maladies fréquents, difficultés scolaires… », précise-t-elle. Une tâche d'autant plus difficile que certains aidants ne se reconnaissent pas en tant que tels. « Il est alors essentiel de questionner la personne sur son quotidien et sur sa perception de la situation afin de favoriser une prise de conscience de ses difficultés et besoins », ajoute-t-elle. Cette étape permet de délivrer de premières informations sur les ressources disponibles voire de proposer un accompagnement.

Une grille pour évaluer la situation

Pour aiguiller les professionnels, l'autorité scientifique propose une grille d'évaluation indiquant les principales thématiques à aborder comme la situation de l'aidant, celle du proche aidé, la comparaison entre la vie d'avant et la situation actuelle, l'aide apportée, les conséquences de la situation sur l'aidant ou encore les éventuels signes d'alerte. On y retrouve aussi des questions adaptées aux différents profils d'aidants.

Attention aux jeunes aidants !

La HAS appelle notamment à une vigilance accrue envers les 500 000 jeunes aidants. Un repérage précoce est essentiel pour mettre en place des solutions de répit qui leur sont spécifiquement adaptées (soutien scolaire, appui aux démarches administratives…) et ainsi éviter des conséquences sur la scolarité, la santé, la vie sociale et personnelle.

Quelles solutions de répit ?

A partir des éléments issus de l'évaluation, le professionnel peut proposer des solutions de répit en adéquation avec les besoins de la personne aidante. Elles peuvent prendre différentes formes (accueil temporaire du proche aidé dans une structure dédiée, relai à domicile, séjours vacances-répit, ateliers bien-être…) et peuvent concerner le binôme aidant/aidé.

Construire une relation de confiance avec l'aidant

La HAS propose une démarche détaillée d'accompagnement : avant, pendant et après le temps de répit. Au préalable, il est ainsi recommandé que le professionnel explique comment se matérialise ces solutions et quels sont les bénéfices. « Elles ne constituent pas une réponse figée et s'adaptent à chaque situation ainsi qu'aux changements dans la vie des aidants. Ainsi, elles sont à construire et à rediscuter entre le professionnel et la personne concernée », souligne la haute autorité, incitant à instaurer une relation de confiance et d'écoute.

Renforcer ses compétences

Enfin, la HAS préconise que l'ensemble des professionnels renforcent leurs compétences à l'aide d'outils ou de formations dédiés à la compréhension des aidants et de leurs situations, que ce soit dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux, les établissements de santé, en médecine de ville ou dans tous les autres secteurs.

En complément de ces « recommandations de bonnes pratiques », la HAS organisera, en octobre 2024, un webinaire à destination des professionnels. La date précise reste encore à définir...

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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