Un jeune homme japonais, qui a avoué le meurtre à l'arme blanche de 19 personnes dans un centre pour handicapés mentaux, a été présenté le 27 juillet 2016 à la justice devant les caméras de télévisions qui l'ont filmé le sourire aux lèvres. Les enquêteurs ont également fouillé le domicile de cet ancien employé de l'établissement qui a perpétré mardi, à une cinquantaine de kilomètres de Tokyo, la pire tuerie au Japon depuis 1938.
Un projet insensé
La tête couverte d'une veste bleue et escorté par des policiers, Satoshi Uematsu, 26 ans, s'est engouffré dans un véhicule entouré de journalistes. Une fois à l'intérieur, il s'est découvert le visage et a dodeliné de la tête, le front appuyé sur le dossier de la banquette avant, avec un sourire glacial. Ce crime commis en pleine nuit, dans les premières heures du 26 juillet, a choqué le Japon ainsi que la révélation de l'existence d'une longue lettre dans laquelle il aurait exposé cette année son projet de faire disparaître les personnes handicapées. Un responsable du commissariat où il était retenu a refusé de s'exprimer au sujet de l'enquête mais a confirmé à l'AFP que l'homme était transporté au parquet pour y subir un interrogatoire.
Il avait prévenu...
Les médias japonais rapportaient qu'il avait dit vouloir demander pardon aux familles des victimes tout en justifiant son geste. « J'ai sauvé ceux qui avaient des handicaps multiples », a-t-il dit aux policiers selon des propos rapportés par la chaîne Asahi TV, qui cite des sources parmi les enquêteurs. L'homme avait été hospitalisé de force le 19 février après avoir dit à des collègues qu'il avait l'intention de tuer des résidents handicapés du centre mais il avait été libéré 12 jours plus tard, un médecin ayant estimé qu'il ne constituait pas une menace, a indiqué à l'AFP un responsable de la ville de Sagamihara. Il avait, avant ce passage à l'hôpital, remis une lettre aux services du président de la Chambre basse du Parlement japonais dans laquelle il menaçait de tuer des centaines de handicapés, y décrivant un vaste plan d'attaque nocturne de l'établissement Tsukui Yamayuri-en où il travaillait, ainsi que d'une autre institution.
Japon : les tueries de masse rares
Le quotidien à grand tirage Yomiuri Shimbun a qualifié cette affaire d'« épouvantable » et appelé à une enquête sur la décision de dispenser l'homme de soins médicaux. « C'est un immense regret pour la société d'avoir laissé un crime aussi affreux se produire », a-t-il écrit dans un éditorial. Ce drame apparaît comme l'un des plus sanglants au Japon depuis 1938, quand un homme muni d'une hache, d'un sabre et d'un fusil tua 30 personnes, avant de se donner la mort. Les tueries de masse sont rares au Japon, qui dispose d'une législation de contrôle des armes très stricte et d'un taux de criminalité relativement faible. Mais des déchaînements de violence aveugle endeuillent occasionnellement l'archipel.