Alors que plus de 2 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de la guerre avec la Russie fin février, en quête de sécurité, 2,7 millions de personnes handicapées et 7 millions de personnes âgées (de 60 ans et plus) risquent de se retrouver sans soins ni soutien. Ce public à « haut risque » a besoin d'être protégé, a affirmé le 10 mars 2022, le Disasters emergency committee (DEC), une coalition d'associations humanitaires britanniques.
Une réponse européenne ?
Cette urgence était également au cœur des discussions le 9 mars à l'occasion d'une conférence qui a réuni à Paris une quinzaine de ministres européens en charge du handicap, dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne (article en lien ci-dessous). La Pologne, en première ligne sur ce front, a lancé un vibrant appel pour avertir que, face à l'afflux de réfugiés -ils seraient 1,5 million à sa frontière-, notamment en situation de handicap, elle ne serait pas en mesure de faire face seule. L'Irlande a déploré que « les personnes handicapées ne feront jamais la une des medias car elles n'ont pas eu l'occasion de quitter le pays » et qu'il était de la responsabilité de l'Europe de s'assurer que « les corridors sont accessibles et que les traitements médicaux pourront être livrés ». La République Tchèque a exhorté ses confrères à « travailler de façon collégiale ». L'Autriche a réclamé des « mesures de soutien ». Lors de la conférence de presse de clôture, Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au handicap, a promis qu'un rendez-vous était pris avec les associations le 10 mars à l'occasion d'une conférence à l'initiative du Forum européen des personnes handicapée, en partenariat avec le Conseil national consultatif des personnes handicapées français. Elle assure que l'Europe est en train de « préparer une réponse structurelle », tandis que Helena Dalli, commissaire européenne à l'Egalité, ajoute que « des moyens vont être mobilisés », sans donner davantage de détails ni d'échéance.
Bloquées chez elles, incapables de marcher
Chris Roles, directeur général d'Age international, une association qui vient en aide aux personnes âgées, a expliqué que celles-ci « sont extrêmement vulnérables dans ces terribles situations » et « se retrouvent complétement seules, isolées et effrayées ». De nombreuses personnes âgées et handicapées ne pourront pas fuir la violence, elles sont parfois bloquées chez elles ou incapables de marcher sans aide. Age international est l'une des 13 organisations caritatives et partenaires du DEC qui se trouvent actuellement en Ukraine et dans les pays voisins pour fournir de la nourriture, de l'eau, des abris, une assistance médicale et un soutien psychologique.
Besoin urgent de médicaments
Une enquête réalisée la semaine dernière par un partenaire d'Age international, HelpAge, dans la région du Donbass (est de l'Ukraine) a montré l'importance des besoins des personnes âgées. Neuf sondés sur dix ont dit avoir besoin d'aide pour obtenir de la nourriture parce qu'ils ont des problèmes de mobilité ou vivent seuls, et près de huit sur dix ont déclaré avoir un accès insuffisant à l'eau potable en raison des bombardements. Plus d'un tiers indiquent avoir un besoin urgent de médicaments pour des maladies chroniques comme le diabète ou des problèmes de tension artérielle.