"Est-ce que moi je suis autiste ? Je ne sais pas, je n'ai jamais éprouvé le besoin de me faire diagnostiquer et qu'est-ce que ça changerait ?", a répondu le député de l'Essonne à un journaliste de l'émission Quotidien le 27 novembre 2019 sur TMC.
Un bruit qui se répand
Il y a "quelque chose qui me rend fou, ce bruit qui commence à se répandre que j'ai quelque chose à cacher, que je suis insincère", a déploré le mathématicien, lauréat de la prestigieuse médaille Fields, considérée comme l'équivalent du prix Nobel en mathématiques. "Toujours, dans tous mes combats, j'y suis allé avec mon coeur, avec ma sincérité, sans chercher à me gommer, tel que je suis. Nous sommes tous différents, nous avons tous nos particularités, parfois plus visibles que d'autres", a-t-il encore plaidé.
Une question pas si indécente
La question était vivement critiquée et jugée "indécente" par certains politiques sur les réseaux sociaux. "La question de Paul Larrouturou (le journaliste du Quotiden, ndlr) est en fait bien moins brutale que des rumeurs qui ont circulé sur moi ces dernières semaines", a déclaré dans un communiqué de presse M. Villani, sans nommer ses détracteurs. "Je préférerai toujours les questions franches aux insinuations et rumeurs malveillantes", poursuit-il. "Une question directe sur l'autisme ne devrait pas être vue comme stigmatisante, car l'autisme ne devrait pas être stigmatisé", ajoute le candidat dissident, en souhaitant que le sujet soit "abordé de façon apaisée". "Et si l'émission peut y contribuer, c'est très bien ainsi", conclut-il.
Réactions politiques
"Les personnes neuroatypiques, autistes, Asperger, (...) ou toute autre 'différence' ont toute leur place dans la démocratie ! Respectons le choix de chacun d'en parler ou non, sans assigner quiconque à cela. Débattons du fond avec Cédric Villani, pas de sa personne", a réagi de son côté la secrétaire d'État chargée de la lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, soutien du candidat LREM officiel à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux. Plus tôt, ce dernier avait félicité l'"excellente réponse de Cédric Villani, pleine d'élégance, d'humanité et d'intelligence", dans un tweet. "Indépendamment des désaccords de fond avec Cédric Villani, sa réponse à cette question est juste parfaite", a approuvé sur Twitter le porte-parole du PCF, Ian Brossat.
"Franchement, ce qui nous intéresse avant tout, c'est le programme de Cédric Villani pour Paris. On aura suffisamment de choses à débattre, sur nos divergences et nos convergences ! En attendant, à cette question indécente, une bien jolie réponse", a réagi par un tweet le candidat écologiste à la mairie de Paris David Belliard. "Remarquable réponse de Cédric Villani à une question indigne de Quotidien", a également salué la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse (Libres!).
Un tabou franco-français
Quant à Matthieu Annereau, député suppléant LREM, lui-même en situation de handicap visuel, il ouvre le débat et juge, "contrairement à nombre de responsables politiques" que la question posée n'est pas "choquante". "Pourquoi une question autour du handicap devrait être plus dérangeante, interdite ?", questionne celui qui milite au sein de son association (APHPP) pour une meilleure représentativité des personnes handicapées en politique, dénonçant un "archaïsme cultuel très franco-français", un "tabou du handicap en politique, qui a sans doute poussé certains ministres à taire leur handicap invisible par peur de perdre toute crédibilité".