Alors que les élections municipales approchent à grand pas, courant mars 2020, la République En marche dévoile « Les 10 engagements éthiques de l'élu local progressiste ». L'un d'eux stipule que « tout candidat investi par LREM au prochain scrutin municipal et tout élu municipal » devra s'engager à respecter « la représentativité des candidats ». Il devra donc former « une liste paritaire », « de renouvellement », « qui donne sa place à la société civile », notamment, « aux personnes en situation de handicap ».
Le handicap au cœur des engagements
« Une attention particulière sera accordée à l'inclusion d'acteurs associatifs ou syndicaux, de personnalités aux parcours et aux compétences diversifiées et de personnes en situation de handicap », précise le texte. Un détail qui n'a pas échappé à Matthieu Annereau, président de l'Association nationale pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées (APHPP). « Nous saluons cet engagement inédit en France, en droite ligne avec nos recommandations pour la représentativité et l'inclusion politique des personnes handicapées », réagit-il. Parmi ces dix engagements, un autre concerne le handicap puisqu'il mentionne la mise en place de « politiques ambitieuses en matière d'inclusion, de lutte contre les discriminations et d'égalité ». Rappelons que le handicap est, pour la deuxième année consécutive, la principale cause de discrimination en France (article en lien ci-dessous).
Enjeu démocratique
Ambitieux, Matthieu Annereau est bien décidé à faire de cette initiative un modèle… « Nous appelons les autres formations politiques à faire de même et à s'engager à ce que ces candidats soient placés en position éligible pour qu'ils soient véritablement élus », poursuit-il. Lui-même aveugle, il a fait de l'inclusion des personnes handicapées dans la vie politique son fer de lance. Leitmotiv : « Leur participation à la vie de la cité est une composante de leur pleine citoyenneté ». Selon lui, « la représentativité de près de 15 % de la population est un véritable enjeu démocratique ». Alors il se bat depuis plusieurs années à coup de pétitions et de revendications. La dernière en date : un budget pour financer « l'accompagnement, l'aménagement et le rôle de l'aidant de l'élu en situation de handicap au cours de sa fonction », afin que ce dernier puisse « réellement accomplir sa mission avec le principe de l'égalité des droits et des chances, à l'instar de ce qui se pratique déjà au Parlement européen ».
Vers un quota d'élus handicapés ?
En effet, un budget annuel alloué aux six députés européens en situation de handicap permet de compenser leur handicap. Mais 6 sur 751, c'est très peu… Alors, en avril 2019, quelques semaines avant les élections européennes, l'APHPP avait adressé une pétition au gouvernement pour proposer l'instauration d'un quota de 6 % de personnes handicapées au sein des partis politiques, comme pour les entreprises, ainsi qu'une « amende financière » pour ceux qui ne le respecteraient pas. A ce jour, plus de 15 000 personnes l'ont signée. Ce combat, Matthieu Annereau n'est pas le seul à le mener. Le 6 février dernier, Sophie Cluzel avait envoyé un courrier aux chefs de partis politiques pour qu'ils investissent des candidats en situation de handicap dans leur liste en vue des élections européennes (article en lien ci-dessous). A l'instar d'une parité entre les sexes, un système de quota de candidats handicapés pourrait-il, à terme, être envisagé ? Les avis divergent, certains déplorant une discrimination positive.