Alcool et grossesse : un risque important de handicap

Santé publique France publie une estimation des troubles causés chez les nouveau-nés par le syndrome d'alcoolisation fœtale, 1ère cause de handicap mental non génétique. La journée dédiée au SAF a lieu le 9 septembre.

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3 207 bébés nés entre 2006 et 2013, soit une naissance par jour, ont présenté au moins une conséquence liée à la consommation d'alcool par leur mère quand elle était enceinte. Sur ce total, 452 (soit une naissance par semaine) étaient atteints par un syndrome d'alcoolisation foetale (SAF), forme la plus grave des troubles que peut entraîner la consommation d'alcool pendant la grossesse, selon l'agence sanitaire Santé publique France. Le SAF peut causer "des anomalies physiques (retard de croissance, malformations) et neurodéveloppementales (retard mental, déficit de l'attention, problèmes de mémoire, difficultés d'apprentissage…) qui relèvent du handicap", souligne Santé publique France dans une étude publiée le 4 septembre 2018 (en lien ci-dessous).

Journée mondiale le 9 septembre

"Ces chiffres sont très sous-estimés compte tenu de la difficulté à diagnostiquer ces troubles en période néonatale et n'incluent pas les diagnostics posés ultérieurement", prévient l'agence sanitaire. Il s'agit de la première estimation nationale des troubles causés par l'alcoolisation foetale chez les nouveau-nés, selon elle. Elle lancera une campagne de sensibilisation dont le slogan est "Par précaution, zéro alcool pendant la grossesse" le 9 septembre à l'occasion de la journée mondiale du SAF.

1ère cause de handicap mental non génétique

"Le SAF est la première cause de handicap mental non génétique à la naissance et d'inadaptation sociale de l'enfant et il est entièrement évitable", insiste l'étude. Les régions où le diagnostic de SAF est le plus fréquent sont "La Réunion, avec 0,36 cas pour 1 000 naissances, soit plus de cinq fois le taux national, la Haute-Normandie et le Nord-Pas-de-Calais (0,21 cas/1 000 naissances chacune)".  A l'inverse, "deux régions (Corse et Franche-Comté) n'ont déclaré aucun cas".

Cheval de bataille de la ministre

La lutte contre la consommation d'alcool par les femmes enceintes est l'un des chevaux de bataille de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui veut promouvoir le slogan "Zéro alcool pendant la grossesse". Dévoilé fin mars 2018, le plan santé du gouvernement prévoit d'augmenter "significativement" la taille du pictogramme "interdit aux femmes enceintes" présent sur les bouteilles d'alcool (vin compris) depuis 2007. Cette mesure doit être prise "en concertation avec l'ensemble des acteurs" pour une mise en oeuvre espérée en 2019. Mi-juillet, de grands domaines viticoles avaient estimé que le logo sur les dangers de l'alcool pour les femmes enceintes était une image "mortifère" qui fait du vin un "produit délictueux", des termes contestés par la ministre.

Un service d'écoute

Selon Santé publique France, une prise de conscience a lieu dans la population sur les risques de l'alcool pendant la grossesse. "De 2015 à 2017, on est passé de 25 à 44% des Français qui savent qu'il y a un risque", commente M. Bourdillon, directeur général de Santé publique France. "Aujourd'hui, une femme sur dix dit consommer de l'alcool pendant sa grossesse. Notre objectif, c'est de réduire au maximum cette consommation", ajoute-t-il. Les femmes qui se posent des questions peuvent se tourner vers le dispositif d'aide Alcool info service (par téléphone au 0 980 980 930 et sur internet, lien ci-dessous). Au-delà des consommations ponctuelles, l'autre enjeu est d'assurer le suivi des femmes dépendantes à l'alcool. "Pour ces femmes-là, on n'aura pas 'Zéro alcool pendant la grossesse'", prévient le Dr David Germanaud, neuropédiatre.  

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